ART

Pop Corn

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Pour la dernière exposition de la saison, la jeune galerie ColletPark accueille une pièce énigmatique de l’artiste français Frédéric Pradeau, analysant les conditions de production des biens de consommation primaires. Deux sculptures évoquent un travail par ailleurs très diversifié.

A l’instar des humanistes de la Renaissance, à la fois artistes et scientifiques, qui imaginaient d’étranges machines n’ayant d’autre intérêt que leur technologie même, Frédéric Pradeau conçoit des systèmes complexes, mais ne produisant que du banal. En 2004, il a conçu Distillery of the Coca-Cola: évoquant l’alambic des alchimistes, l’œuvre fait référence au secret de composition (bien gardé) de la boisson si populaire, maintes fois copiée aujourd’hui dans le monde et symbole toujours éclatant de la domination du capitalisme américain.
Il s’ingénie ainsi à formuler une critique de la société de consommation, en en décortiquant les diverses phases. C’est au stade premier de la production qu’il s’arrête dans cette œuvre, comme dans celle présentée actuellement chez ColletPark.

Master Cooking (2007) reprend ce principe de reproduction d’un système de production.
Ici la machine est montée sur un échafaudage en aluminium dont la silhouette générale rappelle celle du Centre Pompidou: la ligne brisée de l’escalator n’a pas été oubliée et constitue un signe tangible de référence à la «marque» Beaubourg (via notamment son logo si percutant).
Sur un des étages est installée une marmite, connectée à des «hot air guns» propulsant de l’air chaud, eux-mêmes reliés à un moteur, le tout afin de faire éclater des grains de maïs et de produire… du pop corn, projeté dans l’espace de la galerie. Autre élément symbolique de la culture américaine, le pop corn est ensuite moulé (ici, en forme de cône, puis l’artiste procédera à d’autres moulages au fil de l’exposition), pour former des sculptures éphémères.

Dans un tout autre registre, Frédéric Pradeau réalise des sculptures à deux dimensions: des plaques de verre (Untitled, 2007) sont incrustées de métal, selon un dessin préparatoire libre, exécuté au gré du crayon. Cette technique très particulière permet de souligner non seulement la disparité physique des deux matériaux, mais aussi leur complémentarité. Dureté et légèreté viennent se contredire et affirmer l’unicité de l’œuvre.

Frédéric Pradeau
— Master Cooking, 2007. Aluminium, moteur, hot air gun, maïs. 180 x 80 x 165 cm.
— Untitle, 2007. Verre, Métal. 67 x 90 cm.
— Untitle, 2007. Verre, Métal. 165 x 95 cm.

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