ÉCHOS
12 Juin 2013

Polémiques autour des photos des martyrs palestiniens d’Ahlam Shibli

PJérôme Gulon
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Présentée au Jeu de Paume depuis le 27 mai, l’exposition «Foyer Fantôme» soulève la polémique et l’indignation du CRIF, notamment avec la série Death, représentant des affiches de martyrs palestiniens morts lors de la seconde Intifada.

Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) s’insurge contre une série de photographies, intitulée Death, où Ahlam Shibli donne à voir des portraits de jeunes «martyrs» palestiniens morts au cours de la seconde Intifada. Le CRIF y perçoit en effet une «apologie du terrorisme», accusant également les légendes écrites de la main d’Ahlam Shibli de ne pas rendre compte des dégâts et pertes qu’auront causés, dans le camp israélien, les actions de ces jeunes combattants palestiniens.

D’une part, «Foyer Fantôme» expose six séries de photographies. Elle s’intéresse aussi aux gays, lesbiennes et travestis musulmans fuyant leur pays pour vivre librement leur sexualité; à des orphelins polonais; aux commémorations de l’Armistice ou des guerres coloniales en France, à Tulle; ou présente encore un autoportrait de l’artiste. Par là Ahlam Shibli s’intéresse tout autant à la question de la mort, qu’à celle du déracinement ou du foyer.

D’autre part, lorsqu’elle se saisit du conflit israélo-palestinien, Ahlam Shibli s’interroge sur les ambiguïtés des affrontements et leur absurdité. Par exemple, avec Trackers, où les Bédouins qui s’engagent dans l’Armée israélienne, espèrent en contre partie regagner des terres que leurs parents auront perdues au moment de la colonisation.

Mais au delà de savoir si les jeunes hommes représentés armes à la main sur ces affiches, sont soit des «terroristes», soit des «martyrs», et de devoir prendre parti pour une idéologie, les photographies d’Ahlam Shibli — vivant elle-même à Haïfa — témoignent de l’omniprésence de la mort, et de ceux qui ont disparu — qu’ils soient décédés ou emprisonnés — dans les territoires occupés.

Aujourd’hui, la presse israélienne s’est emparée de l’«affaire», faisant circuler des pétitions et des appels à rassemblement.

Un rendez-vous est ainsi fixé au dimanche 16 juin par les mouvements pro-israéliens, auquel répondent les associations pro-palestiniennes qui appellent à leur tour à se rendre au Jeu de Paume, afin que chacun se fasse une opinion de cette exposition.

De son côté, le Jeu de Paume ne souhaite pas aviver la polémique, et verra toutefois son service de sécurité renforcé en vue d’éventuels débordements.

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