ART | EXPO

Polarités

18 Sep - 27 Nov 2016
Vernissage le 18 Oct 2016

L’exposition « Polarités » au SHED, Centre d’art contemporain de Normandie réunit les œuvres de Dominique Blais et Claire Trotignon. Leurs installations réalisées in situ explorent les spécificités du lieu, son vide et l’espace.

L’exposition « Polarités » au SHED, Centre d’art contemporain de Normandie fait cohabiter les installations de deux jeunes artistes français, Dominique Blais et Claire Trotignon. Réalisées in situ durant une résidence estivale, les œuvres proposent toutes deux une exploration des spécificités du lieu.

 Une installation qui exploite les manques du bâti

L’installation de Claire Trotignon investit l’ensemble du centre d’art. Intitulée The Adjustable Ruins and the Nappers – Gresland Polarities, l’œuvre opère un changement dans la démarche de la plasticienne qui jusqu’alors sondait les espaces le plus souvent à travers des réalisations en deux dimensions (collages, sérigraphies, découpages de gravures et de cartes postales anciennes, dessins, photographies…) L’installation s’étale sur toute la superficie du centre, à la manière d’un chantier de fouilles archéologique. Sur le sol, des piquets fichés à intervalles réguliers marquent les emplacements des machines de la filature qui occupait jadis les locaux. Le bâtiment abritant le SHED Typique de l’architecture industrielle en briques du 19e siècle est en effet une ancienne usine de mèche de bougie : l’usine Gresland qui fut en service jusqu’au milieu du 20e siècle.

Le propos de l’installation de Claire Trotignon est inspiré par les signes de carence dans le bâti : briques manquantes ou fendues et trous dans les murs, cornières cassées en façade… A partir d’eux ont été réalisés des éléments en plâtres évoquant des fragments architecturaux. Ces éléments sont intégrés à des structures modulaires sur lesquelles elles sont posées, enfilées, suspendues, formant ainsi un ensemble semblable aux reconstitutions de sites anciens où les vestiges conservés sont inclus dans une construction où les parties disparues sont simplement suggérées par des dessins ou bien reproduites en des matériaux modernes qui les distinguent des originaux. Des surfaces vertes s’étalent sur certaines structures pour figurer l’activité de filature qui se déroulait dans le lieu.

Utiliser le vide du lieu pour révéler les flux qui les traversent

L’installation de Dominique Blais exploite quant à elle un autre défaut du bâtiment : son système électrique dont la mise à la terre défaillante oblige sa structure métallique à prendre en charge l’électricité en excès. L’œuvre intitulée À la terre matérialise par un réseau de câbles de cuivre qui relie les néons éclairant l’espace d’exposition à la terre. La démarche repose essentiellement sur une logique de soustraction de matière : les couches superficielles du sol bâti sont déblayées pour atteindre la terre et quatre des huit piliers en fonte du bâtiment sont dénudés pour servir de relais au circuit de câbles. Les reflets évanescents de la lumière sur ces derniers évoquent l’électricité courant le long des piliers. Comme celle de Claire Trotigon, l’installation construite dans l’espace utilise le vide du vaste lieu pour mieux rendre perceptibles les empreintes, flux et présences évanouies qui les traversent.

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