ART | EXPO

Plié, strié, barré

27 Juin - 17 Oct 2010
Vernissage le 26 Juin 2010

Habitué à mettre en oeuvre de grands programmes picturaux, Stéphane Calais propose un habillage temporaire de l’architecture intérieure de la Chapelle Jeanne d'Arc.

Communiqué de presse
Stéphane Calais
Plié, strié, barré

On s’était habitué à voir le Centre d’art la Chapelle Jeanne d’Arc accueillir essentiellement des projets qui étaient conçus sur le papier, puis réalisés ensuite à partir de plans ou d’images 3D.

Avec Stéphane Calais, une rupture brutale s’installe et la Chapelle devient atelier puisque l’artiste y improvise in situ un ensemble important de peintures sur un support qu’il a conçu et imaginé comme un habillage temporaire de l’architecture intérieure.

C’est donc un dialogue direct et sans détours avec l’espace d’exposition qu’entreprend ici Stéphane Calais.

La Chapelle Jeanne d’Arc n’est certes pas le premier lieu monumental, public ou religieux déconsacré, qu’investit cet artiste habitué à mettre en oeuvre de grands programmes picturaux en lien avec l’architecture.

Néanmoins, le projet pour Thouars constitue une étape puisqu’il est l’aboutissement d’une recherche de plusieurs années qui l’a conduit dans le champ d’une abstraction gestuelle.

Les peintures sont ici réalisées sur de grandes bandes de moquette recouvrant la totalité des baies vitrées et sur de vastes panneaux de bois posés au sol, inclinés de façon à plaquer contre les murs le matériau léger qu’est la moquette.

Ce dispositif, qui trouve notamment son origine dans la réinterprétation d’un principe de tapis suspendus, caractéristique des arts décoratifs du nord et du mouvement Art and Craft, s’oppose à l’aspect rectiligne de l’architecture par l’introduction de plis, de rondeurs et de striures qui évoquent le décor baroque plus que la rigueur néo-gothique.

Il introduit en quelque sorte «une deuxième couche» sur la surface des murs et sur les vitraux masqués, un sédiment certes fragile, «bon marché», mais dont la forte présence métamorphose de manière radicale l’architecture.

Les peintures se composent uniquement tâches et de traits noirs sur fond blanc, de façon à laisser la couleur émaner du seul bâtiment par les vitraux, la moquette très peu épaisse laissant filtrer légèrement la lumière.

Hors de toute volonté d’illusion, le procédé pictural qui doit beaucoup au dessin ne se cache pas et assume ses propres contingences sous la forme de tâches, de coulures et autres «accidents», qui participent pleinement, et au même titre que les gestes effectués par l’artiste, de la composition picturale.

La diversité des outils et des procédés utilisés pour l’application de la peinture (projections, pinceau, mais aussi couteau, brosse, serpillère…) décline un vocabulaire très riche de textures et d’effets de matières combinées sur la surface blanche qu’on ne se lasse pas de parcourir de l’oeil.

A la suite de Kees Visser ou de John Tremblay, qui abordaient à la Chapelle la question de la peinture par des moyens sculpturaux, Stéphane Calais crèe une relation à la fois ténue et conflictuelle entre architecture et peinture en concevant une surface peinte comme une seconde architecture qui s’impose violemment à la première.

Il répond en cela idéalement au projet artistique du centre d’art qui se donne pour objet de «bousculer» cet objet patrimonial qu’est la chapelle Jeanne d’Arc et de chaque fois le recréer.

Dans le même temps, il réactive certains des enjeux historiques de l’abstraction en peinture et nous invite à une réflexion sur son devenir.

La rupture qu’opère cette proposition avec celle mise en oeuvre l’an dernier par Pascal Broccolichi témoigne de la vocation du centre d’art de Thouars à rendre compte de la création actuelle dans sa diversité, loin de toute logique de spécialisation ou d’uniformité de la programmation.

AUTRES EVENEMENTS ART