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Plaisir la douleur

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Miguel Rio Branco a la sensibilité d’un écorché vif et capte avec une certaine fascination morbide la misère des favelas. Gros plans sur les prostituées aux corps striés de cicatrices ou aux postures outrancières. Un travail sur la déliquescence, la misère humaine, la disparition, le lambeau.

La photographie de Miguel Rio Branco colle étroitement à la réalité sociale et religieuse du Brésil. Elle capte le quotidien d’une vie difficile dans les favelas de Rio de Janeiro, où les corps et les âmes s’abîment très vite. Et cette conscience de la souffrance va de pair avec un bagage mystique puisé dans la tradition catholique, mais aussi dans la religion candomblé, pratique locale introduite au Brésil par les esclaves africains.

Pourtant, si Rio Branco témoigne d’une réalité sociale, c’est moins pour dénoncer une injustice que pour révéler la fragilité et la misère de toute vie humaine. Il touche une réalité d’ordre anthropologique, universelle : la fragilité et le processus de destruction de l’homme. C’est pourquoi il revendique un travail de plasticien et non de photo-journaliste.

S’il est surtout connu pour son travail de photographe, Rio Branco pratique également le dessin et la peinture. Il a donc conçu cette exposition à la Maison européenne de la photographie comme un parcours où les œuvres dialoguent entre elles, conjuguant objets, peintures, photos et vidéos.

Il compose également des panneaux multiples associant plusieurs photographies où il travaille l’harmonie des couleurs, comme l’écho des formes et des sujets, pour créer une émotion globale.
Dans Barrocco, le registre touche le sentiment de violence, de mort, de mysticisme. Dans Valves, où photos de valves et de visages sont confrontées, c’est l’effet de froideur et d’oppression qui est suscité.

Crudité, effet coup de poing sont caractéristiques de son travail sur les corps. Il montre les cicatrices, la maladie, le passage du temps, la mort mais aussi la survie dans un monde hostile. Utilisant souvent la technique du collage, il associe également des morceaux d’images pour révéler des associations poétiques, avec des sujets très souvent liés au sexe ou à la mort.

La religion, la souffrance, les stigmates sont omniprésents. Le titre de l’exposition, «Plaisir la douleur», évoque les mortifications que l’homme s’inflige pour mieux mériter l’amour de Dieu. Misère de l’homme, décrépitude des choses, violence et souffrance de la vie humaine : l’univers est sombre mais très sensuel, car des couleurs chaudes se dégage un sentiment de réconfort et de compassion.

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