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Pierre Gonnord, Photographies

18 Août - 29 Août 2010
Vernissage le 18 Août 2010

Les modèles de Pierre Gonnord sont des marginaux, souvent des Gitans, des voyous ou des immigrés de l’Europe de l’Est. Ils nous imposent leur présence et semblent évoluer dans un temps suspendu.

Communiqué de presse
Pierre Gonnord
Pierre Gonnord, Photographies

Pierre Gonnord aime les marginaux. Ses modèles sont souvent des Gitans, des voyous, ou des immigrés de l’Europe de l’Est qui survivent de petits boulots dans les capitales occidentales. Ils nous imposent leur présence –tranquille, sans agressivité ni colère– et semblent évoluer dans un temps suspendu. Echappant aux contingences. Comme dans la peinture religieuse du XVIIe siècle.

Avec ses fonds noirs, ses clairsobscurs, son traitement des couleurs, qu’on croirait couvertes d’un glacis, Gonnord en fait des personnages bibliques –Christ, larrons, aveugles, martyrs et saints– échappés d’une toile de Zurbarán ou du Caravage. D’autres images évoquent des portraits de Soutine ou ceux des daguerréotypes du XIXe siècle.

En puisant dans l’histoire de l’art, Gonnord ennoblit ses personnages, leur donne une aura. Trop simpliste à ses yeux, la remarque lui déplaît. Il admire la peinture, fréquente régulièrement les musées, mais, insiste-t-il,sa démarche est purement photographique.

«J’ai soif de rencontres avec des gens, les oubliés de notre société. J’en ai besoin. Ils m’aident à avoir un comportement juste, sans faux-fuyants ni hypocrisie. Avec eux, inutile de tricher. On doit se présenter tel qu’on est, sans fausse compassion, ou c’est le rejet. Surtout les Gitans. Ils ont l’art de vous gratter la peau pour voir ce qu’il y a dessous. Si la photographie ne me permettait pas cela, je ferais autre chose.»

«Je recherche mes contemporains dans l’anonymat des grandes villes parce que leurs visages racontent, sous la peau, des histoires singulières et insolites sur notre époque, mais aussi des idées intemporelles propres à la condition humaine.

Ces hommes et ces femmes de tous âges, aux regards quelques fois hostiles, presque toujours fragiles et bien souvent blessés derrière l’opacité du masque, répondent à des réalités sociales bien particulières, des terrains psychologiques concrets mais aussi à une autre conception de la beauté et de la dignité.

Je cherche également à approcher l’individu inclassable et intemporel, des faits et des histoires qui se répètent depuis bien longtemps déjà. J’aimerai inviter à franchir une frontière. L’histoire des dernières décennies, l’immigration, les migrations, l’exode rural, la révolution des moeurs, les conflits politiques, ethniques et religieux, les crises économiques, l’ère de la communication, la globalisation… tout a profondément contribué à modifier l’édifice social de nos sociétés occidentales.

J’essaie de retenir le temps pour écrire sur l’émulsion photographique un petit journal, en écoutant respirer l’autre et imprimer une trace de l’éphémère. Je sais que c’est mon acte rebelle contre l’oubli, les injustices, la mort et ma façon de questionner notre tragédie.»

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