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Pier-Francesco Lerose

PAnne Malherbe
@12 Jan 2008

Pier-Francesco Lerose est un jeune artiste milanais installé depuis peu à la Générale. Il présente son travail pendant un mois, dans les salles d’exposition du rez-de-chaussée du bâtiment. Tandis que, pendant quatre jours, la Générale est en effervescence, puisqu’on peut voir, dans les étages, un aperçu des œuvres de plusieurs de ses résidents.

Il peut paraître idiot, aujourd’hui, de déceler des tendances régionales dans une œuvre, et de pratiquer du Taine de bas étage. Mais, est-ce parce que l’artiste est italien?, on décèle dans son travail ce fini, cette tenue décorative (et ce n’est pas péjoratif) qu’on trouve chez un Adami, un Burri, un Fontana. Assurément, l’artiste se place dans une lignée, dans laquelle, à l’évidence, il a fait de Gianni Bertini son maître.

Les toiles qui nous sont présentées, de grand ou moyen format, nous offrent des panoramas hétéroclites où se rencontrent, d’œuvre en œuvre, quelques motifs récurrents, tels des enfants, un motard, la silhouette d’un satellite. Ces images coexistent sur le mode de l’entrechoc, de la superposition, ou bien de l’indifférence.

Cependant, la principale figure de style de ce travail est le décrochement. D’un motif à l’autre, on saute d’un espace bidimensionnel à une vue aérienne ou à une figure en volume. L’usage de panneaux accolés en polyptyques accentue cette caractéristique.
Plusieurs types de techniques se côtoient: la figure peinte traditionnellement, le report photographique, les traces de peinture sur la toile nue. Des mondes divers, des points de vue radicalement opposés, des perceptions antagonistes de l’humanité doivent trouver le moyen de cohabiter. De la même manière, dans les années 1970, Bertini développait un travail où l’on pouvait voir, par exemple, une starlette s’élançant au-dessus d’un élément mécanique disproportionné, sur fond de piste alpine.

Mais la différence, peut-être, entre Bertini et son cadet, tient à ce que l’aîné assemble des figures comme s’il s’agissait d’un collage, alors que le cadet s’efforce d’articuler entre eux les motifs de manières variées. Là où les années 1970 reconnaissaient la domination d’un monde d’images juxtaposées sans signification, la période actuelle tente de retrouver quelques règles dans tout cela, où, plus exactement, de faire tenir ensemble les morceaux du monde lorsqu’il ne semble exister que chaos et diversités irréductibles.

Le résultat, qui est sage, voire austère, offre une vue synoptique du réel, où l’humanité fragile des enfants côtoie la menace de forces militaires, tout en se tenant à la dimension des espaces explorés par les astronautes.
S’il faut faire un détour dans les étages de La Générale, alors on peut citer, en contrepoint à ceux de Pier-Francesco Lerose, les travaux de Benjamin Bruneau, toiles au baroque psychédélique. Là aussi, l’artiste fait coexister des morceaux hétéroclites, qui proviennent autant de motifs réellement perçus (telles les statues équestres du Grand Palais) que de figures issues d’un imaginaire déjanté. Ici, l’envahissement de ces images abondantes (parmi lesquelles les coulées et les parterres de déchets sont une constante) oblige l’artiste à un travail de compression, qui réduit leur débordement perpétuel à l’espace plat de la toile. La peinture, ici, est le moyen de contenir un trop-plein, dont elle ne se prive pas, pourtant, de nous menacer.

Traducciòn española : Patricia Avena

— Sans titre, 2006. Acrylique sur toile. 130 x 195 cm.
— Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 220 x 180 cm.
— Sans titre, 2006. Acrylique sur toile. 190 x 160 cm.
— Sans titre, 2004. Acrylique sur toile. 120 x 75 cm.
— Sans titre, 2006. Acrylique sur toile. 185 x 118 cm.
— Sans titre, 2004. Acrylique sur toile. 125 x 110 cm.
— Sans titre, 2006. Acrylique sur toile. 270 x 200 cm.
— Sans titre, 2006. Acrylique sur toile. 270 x 195 cm.

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