PHOTO | CRITIQUE

Photographies et installation vidéo

PPhilippe Coubetergues
@12 Jan 2008

Une double exposition de deux jeunes artistes, l’une néerlandaise, l’autre colombienne d’origine. D’un côté, huit grandes photos issues de mises en scène très précises dans un univers iconique singulier et étrange. D’un autre côté, une double image en miroir d’une machine à barbe à papa filmée sur fond de paysage colombien.

La galerie des Filles-du-Calvaire nous propose actuellement une double exposition qui permet de rapprocher ou non les œuvres de deux jeunes artistes, l’une néerlandaise, l’autre colombienne d’origine.

À l’étage, les huit grands tirages photographiques d’Ellen Kooi permettent une première approche d’un univers iconique singulier et étrange. Ces prises de vue sont issues de mises en scène très précises où les modèles jouent les rôles qui leur sont assignés par le photographe dans des environnements péri-urbains assez indéterminés, aux éclairages souvent fortement retouchés.
Dans ces images incongrues, les personnages prennent de curieuses positions, adoptent des comportements inattendus. Les positions sont généralement fixes, ce qui redouble en quelque sorte la fixité naturelle de l’image photographique. Les vues sont panoramiques et les tirages horizontalement allongés. Les points de vue sont, ou bien en forte contre-plongée, voire au raz du sol, ou bien en plongée mais jamais à hauteur d’homme. Toutes ces caractéristiques plastiques de la prise de vue créent des déformations, des étirements des perspectives, des disproportions notables qui participent activement de l’étrangeté générale de l’ambiance.
Il s’agit sans conteste d’une photographie calculée, conçue comme des tableaux vivants, des arrêts sur images fortement théâtralisées. L’inspiration est surréaliste et la technique maîtrisée de la retouche numérique donne à l’univers une nouvelle « acoustique ».

Au rez-de-chaussée, Adriana Arenas projette sur le mur blanc d’une salle obscurcie une double image en miroir d’une machine à barbe à papa filmée sur fond de paysage colombien. Le son est fait de trois chansons d’amour populaires en espagnol traduites en anglais sur un moniteur posé au sol, dans une écriture romantique. L’univers est celui de la réminiscence enfantine, du sucré et du rose bonbon, du karaoké. L’installation plonge le spectateur face à une image hypnotique sur fond de mélodie lancinante. Rapidement il fait le lien avec ses propres souvenirs, se laisse porter par les effets de l’évocation sensible et sensuelle.

Ces deux artistes ont été découvertes récemment. La galerie des Filles-du-Calvaire a choisi de suivre leurs recherches respectives. Nous serons donc amenés à les revoir.

Adriana Arenas :
— Sweet Illusion, 1995. 5 DVD.
— Sweet Illusion, 1999. Photo couleur contrecollée sur aluminium. 68 x 96 cm.

Ellen Kooi :
— Amersfoort — visvrouwen, 1998. Tirage Cibachrome. 80 x 250 cm.
— Haarlem — het putje, 1999. Tirage Enduraflex. 54 x 147 cm.
— Langedijk — bushalte, 2000. Tirage Enduraflex. 77 x 214 cm.
— Velserbroek — kwekerij, 2002. Tirage Cibachrome. 90 x 193 cm.
— Amersfoort — benen, 1997. Tirage Enduraflex. 55 x 168 cm.
— Aphen a/d Rijn — waterkant, 2002-2003. 77 x 185 cm.
— Schellinkhout — de dijk, 2000. 107 x 125 cm.
— Groningen — plantsoen, 1998. 107 x 125 cm.
— Waardepolder — Het Putje, 2000. Tirage Cibachrome. 80 x 200 cm.

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