PHOTO | CRITIQUE

Dominique Marchès, photographies

PLiv Taylor
@07 Jan 2007

Dominique Marchès expose le récit photographique de ses voyages. Son regard de promeneur solitaire construit un vocabulaire par strates successives et décrit un véritable langage photographique: la «narration exploratrice»

Depuis 40 ans, la photographie de Dominique Marchès semble évoluer dans des rapprochements thématiques ou formels, fonctionnant soit en binôme (le professionnel commissaire d’exposition et l’artiste), soit sous la forme de dualité, la mise à distance contre la proximité.

Pour sa première exposition personnelle depuis ses premiers clichés à la fin des années 60, le photographe joue le rapport ironique des sujets et des situations (clichés «à dimension humaine» en Noir et Blanc ou en couleur réalisés entre 1967 et 2006) incitant le visiteur à la promenade, ou plus concrètement au voyage immobile.

A travers ses voyages justement, le récit d’un quotidien banal: souvenirs glanés durant son parcours, images séquencées dans le temps et l’espace, fruits des attentes hasardeuses où la pensée nomade fixe une réalité légère et tendre.
Les photographies de Marchès partagent souvent le même type de construction: dichotomie entre le premier et le second plan (l’un et l’autre vide ou animé), rapport d’échelle déjouant la stricte réalité (Osaka, 1992 et L’atelier de la famille Kane Kwei, 1997), lecture à tiroir de certains sujets (zoomorphisme du bateau, anthropomorphisme de la borne d’alimentation électrique, …).

La coïncidence des sujets qui s’exerce dans l’exposition inspire chez lui une mise en scène doucement décalée (la série Dieppe confrontée à la séquence montrant Armstrong et De Villiers; le bus de Chanteloup face à celui du Ghana; le poisson rouge devant le pistolet à eau).
L’exposition organisée en plusieurs ensembles cohérents permet cette lecture vagabonde, invitation à un voyage sans horloge ni adresse, à la découverte d’une intimité universelle où semble surgir le singularité de son regard.

Dominique Marchès, le vagabond dans son plus simple appareil. Ce regard, celui du promeneur solitaire, construit son vocabulaire par strates successives et décrit un véritable langage photographique: la «narration exploratrice».

Dominique Marchès
— Semaine de grève, Halles de Paris, Novembre 1968. Photographie Noir et Blanc. 30 x 30 cm.
— Osaka, Japon, 2002. Photographie Noir et Blanc. 30 x 30 cm.
— Atelier de cercueils de la famille Kane Kwei, Ghana, 1997. Photographie Noir et Blanc. 40 x 50 cm.
— Golf miniature, Les Moutiers-en-Retz, 2001. Photographie Noir et Blanc. 40 x 50 cm.
— Stade d’Olympie, 2003. Photographie Noir et Blanc. 30 x 30 cm.

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