ART | EXPO

Philippe Perrot

06 Déc - 11 Jan 2003

Les peintures de Philippe Perrot suggèrent la sourde et terrible violence possible de l’univers familial. Tout y passe: les comportements déviants crûment représentés, les clichés malmenés et les tabous mis à nu.

Communiqué de presse
Philippe Perrot

Philippe Perrot

L’École Municipale des Beaux-Arts — Galerie Édouard Manet présente une quinzaine de peintures récentes et un ensemble de dessins de Philippe Perrot. La dernière exposition personnelle de cet artiste a eu lieu en 2000 à la galerie Art : Concept, Paris.

Naturellement peintre du quotidien, Philippe Perrot ne cesse de peindre l’univers familial, «terreau de la vie». Cependant plus que de représenter cet espace rassurant et réconfortant, il en suggère la sourde et terrible violence, le côté obscur, dans des œuvres ambiguës qui entretiennent volontairement la confusion des sens.

Dans des huis clos louches et pas toujours de la plus haute moralité, il est souvent question de faits divers et de drames quotidiens qui guettent et concernent chacun de nous; la vente de la maison, les tensions conjugales et familiales, l’exhibitionnisme domestique, les regards pour les moins obliques ou pervers, la scatologie infantile, la découverte de la sexualité et de la mort, l’avortement ou encore la grossesse tardive, inspirée par l’actualité la plus récente et les développements de la science.

D’une facture expressionniste, sur des fonds unis et jaunâtres, échelonnés dans les différents plans d’un espace confiné et trop étriqué pour tous les contenir, les protagonistes des histoires qui se trament sont gagnés par la difformité physique et victimes de protubérances. Leurs chairs semblent se liquéfier dans un jus composé de bruns. «C’est peut-être ce qu’il y a de monstrueux en nous et dont on ne se débarrasse pas…».

Aux images archétypiques et idéalisées de la famille dont il emprunte certains clichés pour les mettre à mal (le papa en costume, la petite fille coiffée de nattes et vêtue d’une robe ourlée), Philippe Perrot préfère la mise à nu des tabous: «Le véritable sujet, c’est le non-dit et il faut rompre le silence; donc je peins, je parle, sinon t’es complice». L’utilisation de bétadine et d’éosine dans sa peinture sont autant de moyens plastiques que de vaines tentatives de cicatriser ces plaies éternellement reconduites, héritées des traumas de l’enfance.

Si Philippe Perrot a délibérément choisi de se coltiner avec la part inacceptable et «immorale» de nous-mêmes, il atténue la sensation de malaise par l’utilisation d’une gamme chromatique «sirupeuse» à dominante de jaunes et de roses mais aussi par le recourt aux ressorts classiques du comique. L’intrusion constante de personnages à la Deschiens, d’éléments burlesques empruntés au monde de l’enfance, à l’univers fantaisiste des contes et des dessins animés, à l’instar de légumes humanisés et rigolards, dispute la place au pathos ambiant; histoire peut-être, après tout, de nous rappeler qu’il ne s’agit là que d’images… et que la violence est ailleurs.

Cette exposition permettra de découvrir ou redécouvrir l’œuvre complexe d’un artiste qui très tôt, fut présenté Au Centre d’Art Contemporain de Brétigny-sur-Orge et au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Philippe Perrot
Philippe Perrot est né en 1967 à Paris. Il vit et travaille à Cergy-Pontoise.

Commissaire
Lionel Balouin

Publications
Richard Leydier, Philippe Perrot, coéd. Ecole Municipale des Beaux-Arts, Galerie Edouard Manet, Gennevilliers et Galerie Art : Concept, Paris, 2002

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