LIVRES

Philippe Mayaux

La totalité des peintures et sculptures de Philippe Mayaux de 1987 à 2006. Un éclairage indispensable sur cette œuvre hors genres où se mêlent science, nourriture et sexualité en autant d’icônes païennes. Philippe Mayaux est lauréat du Prix Marcel Duchamp 2006 décerné par l’Adiaf (Association pour le développement international de l’art français).

Information

Présentation
Roberts Bonaccorsi
Philippe Mayaux

En 1991, la galerie d’art La Tête d’Obsidienne (Fort-Napoléon — La Seyne-sur-Mer) présentait parallèlement à la Villa Arson (Nice), la deuxième exposition personnelle de Philippe Mayaux. Cette proposition de Jean Blanc qui assurait la direction artistique du lieu, donnait déjà à voir une œuvre tout à la fois pensée, cohérente, maîtrisée et luxuriante. Non l’un des sempiternels avatars de l’incessant «renouveau de la peinture», mais la mise en évidence d’une pratique iconoclaste, d’une stratégie de l’image, d’une inscription d’autant plus forte dans un genre qu’il s’agissait d’en redéfinir les frontières.

L’affaire se trouvait dans le sac à malices d’un illusionniste énergique et subtil, brouillant sans cesse les limites entre bon et mauvais goût, et qui se plaçait dans le sillage de Jérôme Bosch, Magritte, Brauner, Picabia…, pour mieux prendre à contre-pied Marcel Duchamp. Au-delà des références, se dégageait un irrépressible sentiment de nouveauté. Beaucoup plus qu’un «effet de récence», une impression rémanente, voire permanente de fraîcheur. L’œuvre de Philippe Mayaux n’existe en effet que dans l’absolue nécessité de préserver ses qualités premières de vitalité, d’éclat et de surprise.

Consubstantiellement, son travail s’avoue dans le même mouvement, par la contamination interne de la forme et du sens. N’affirme-t-il pas que : «Chez l’amateur, il semble toujours important de savoir reconnaître, même dans les tâches de pourriture, une figure car, pour le vivant, il ne peut pas exister de figure qui ne soit dotée des organes de la vue afin que l’on puisse voir en train de regarder». Fraîcheur/corruption, encore et toujours, dans ce rapport au corps, au vivant, pensé sur le registre du kitsch, des cultures populaires et médiatiques.

In fine, une œuvre à déguster du regard. Salvador Dali le proclamait avec la force de l’évidence : «La beauté sera comestible ou ne sera pas», il appartenait à Philippe Mayaux de dresser les plats de cet étrange festin de la représentation.