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Philippe Durand

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@12 Jan 2008

Les photographies de Philippe Durand donnent à repenser l’acte photographique et la façon d’envisager son résultat. Le visible, flou, à peine identifiable, s’observe à travers un grillage.

 La série «Rejas» (grillages, en espagnol) a été réalisée lors d’un voyage à la Havane. Si Cuba se révèle généralement être un objet photographique aisément identifié, il est ici méconnaissable. Et pour cause, le but de la manœuvre n’est certainement pas de donner à voir la ville cubaine, qui sert de simple prétexte topographique à une tout autre intention: celle de donner à penser la photographie, et ce du point de vue du photographe (actif), comme de celui qui regarde la photo (passif).

Au premier plan, recouvrant tout le cadre, un grillage, net, pixellise l’arrière plan qui, lui, est flou: à peine distingue-t-on des arbres, une maison, un terrain de jeux. Le sujet, mis à distance, passe à proprement parler au second plan.
Le grillage sert de séparation entre deux espaces: celui dans lequel se trouve le photographe, et a fortiori le spectateur, et l’autre, placé derrière. Il pose la question de l’enfermement, le champ de vision ne permettant pas de savoir si le photographe-spectateur n’est pas encerclé par ce même grillage, qui vient remettre en question le (libre) droit de regard du spectateur.

Les photos de Philippe Durand métaphorisent le regard face à la photographie, entendue comme un moyen de représenter le visible, et, plus généralement, face à l’oeuvre d’art.

Au sous-sol, la série «Paraciclones» montre des surfaces transparentes, ou du moins qui laissent transparaître (vitres, vitrines, barreaux, etc.), sur lesquelles se dessinent des croix au scotch: des signes qui, à nouveau, questionnent la transparence et le regard, en suggérant l’interdiction, l’empêchement.

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