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Philippe Cognée. Carcasses

Le peintre Philippe Cognée expose à la galerie Daniel Templon ses Carcasses, métaphores de la matérialité de la peinture et de son rapport à la mort, à la suite du Boeuf écorché de Rembrandt.

Information

Philippe Cognée, Christian Bernard
Philippe Cognée. Carcasses

L’artiste français Philippe Cognée expose du 1er mars au 5 avril 2008 à la galerie Daniel Templon une série de toiles intitulée Carcasses, à la suite d’une première présentation au Musée d’art moderne et contemporain (Mamco) de Genève en 2006.

L’installation, intitulée Carcasses, est composée de trente-six tableaux inspirés par le Bœuf Ecorché de Rembrandt. Accumulation de carcasses répétées, cette œuvre «champ de viande» s’interroge à la fois sur la société de consommation mais aussi sur le regard cinématographique. La présentation des 36 carcasses en vignette au début du catalogue met en avant cet aspect de manière éclatante.

«Ici la peinture se démultiplie pour mieux garantir son irreproductibilité technique», écrit Christian Bernard dans son texte intitulé Carcasses tremblées.

Le catalogue comprend également un court texte de l’artiste, décrivant l’arrivée dans l’abattoir.

Né en 1957, Philippe Cognée vit et travaille à Nantes. Son travail a été exposé internationalement et est présent dans de nombreuses collections publiques (Fondation Cartier, Musée National d’Art Moderne, Musée Ludwig ou Fonds National d’Art Contemporain).

«L’Abattoir», texte de Philippe Cognée

«Début septembre 2001. La Ferté-Bernard. 9 heures du matin. Une entreprise de boucherie industrielle, quelques hectares de bâtiments métalliques. Nous entrons dans le plus imposant par une petite porte. Un escalier surplombe tout un espace labyrinthique sur une très grande surface pouvant accueillir plus d’une centaine de bêtes. Une fois entrées dans ce dédale, elles ne peuvent plus qu’attendre et avancer.

L’une après l’autre, elles franchissent un sas et se trouvent bloquées dans un espace réduit. Après électrocution, elles sont tirées par la patte arrière puis dressées à la verticale à l’aide d’un palan. Masse monumentale, tête ballante, langue pendante. Un rail conduit la bête au centre d’une salle circulaire dans laquelle des hommes attendent, tablier blanc maculé de sang. Un long couteau en main, l’un d’eux placé au centre de la pièce s’approche de l’animal mortellement assommé et, d’un geste habile, plante l’outil dans la carotide de la bête. Soubresaut ultime de l’animal. Écart vif de l’homme pour éviter le mouvement soudain des pattes. Il règne une étrange et lourde tension dans cet espace, véritable chambre sacrificielle. Le sang s’écoule du cou de l’animal dans une rigole. Pieds tranchés. Animal vidé et dépecé. La chaîne commence. Une autre bête arrive.»