LIVRES

Philippe Cognée

Philippe Cognée développe une pratique singulière qui s’inspire de la photographie, associée à un travail sur les effets de la peinture à l’encaustique chauffée sur la toile. Ce livre revient sur les œuvres présentées dans l’exposition au Domaine National de Chambord autour des thèmes de la consommation de masse, du paysage, du portrait, de l’architecture et des vanités.

Information

Présentation
François Bon, Clélia Zernik
Philippe Cognée

Philippe Cognée est sans conteste aujourd’hui l’un des plus peintres les plus importants de la scène française. Profondément marqué par son enfance au Bénin, il commence à peindre au cours des années 1980 des paysages intrigants, peuplés d’animaux sauvages et d’être humains empruntant au douanier Rousseau.

Au cours de son séjour à la villa Médicis en 1991, son travail prend une tournure différente et décisive: l’artiste développe une pratique singulière qui s’inspire de la photographie, associée à un travail sur les effets de la peinture à l’encaustique chauffée sur la toile. Cette révolution formelle, conférant à la surface un style particulier qui induit un flottement du sujet, s’accompagne d’une thématique résolument contemporaine: architectures urbaines, vues aériennes, supermarchés, usines de recyclage, objets du quotidien mais aussi portraits d’amis et vanités.
Si les fameuses toiles d’architecture urbaine conçues à partir de Google Street View sont présentes à Chambord, l’artiste a crée pour l’exposition de 2014 des œuvres sur le thème de la consommation de masse, des paysages, des portraits, des architectures et des vanités, traversant ainsi plusieurs des genres classiques de la peinture.

Au total, près de 70 œuvres sont accrochées au second étage du château, faisant de l’exposition de Chambord (18 mai-12 octobre 2014), avec celle du musée de Grenoble en 2013, une des plus importantes consacrées à Philippe Cognée.

«Ce qui se joue dans la peinture de Philippe Cognée, dans les relations entre ses toiles mais aussi au cœur de chacune d’elles, c’est l’antagonisme jamais résolu entre une mise à plat du monde par un objectif qui transforme tout en objet et le regard sensible qui noie les contours en une expérience affective peu déchiffrable.

Le mystère de la perception se situe là: entre un rendu brouillé du monde, constitué à tâtons, où même les émotions sans nom; et la mise à plat de l’appareil photographique qui déploie toute chose en une surface sans ombre. Notre perception est ce prisme — de l’absorption dans le monde à sa disjonction définitive en un vis-à-vis cartésien. Parfois, elle multiplie les couches du visible pour le rendre parfaitement vivable mais indistinct, parfois elle se détache du monde, le pose en tableau face à elle, pour le voir sans le vivre. Or, c’est à cette antinomie de la visibilité et de la vie que Philippe Cognée sans cesse se confronte, montrant dans chacune de ses toiles qu’il faut voir et vivre en même temps. Ne passons-nous pas sans cesse d’une attitude qui nous jette dans les choses et nous aveugle sur elles à une distance qui nous en préserve?

Finalement, c’est peut-être la justesse de la peinture de Philippe Cognée que de pouvoir retrouver cette ambiguïté qui caractérise précisément la situation de tout sujet dans le monde. Notre être n’est-il pas en perpétuel glissement entre un scepticisme qui nous détache des choses et les transforme en spectacle visible de part en part, comme derrière la vitre, et une foi aveugle en la réalité dans laquelle nous nous sentons «embarqués» — toujours un peu dedans et un peu dehors, toujours prêt à prendre du recul et à s’investir? Ce qui rend sensible et vibrante la peinture de Philippe Cognée, c’est cette pulsation de diaphragme qui nous ouvre ou qui nous ferme aux choses.»
Clélia Zernik

Sommaire
— Avant-propos
— Philippe Cognée, portrait de peintre-volcan, par François Bon
— De chair et d’os. Déclinaison perceptive, par Clélia Zernik
— Une représentation du réel dans le champ de la peinture. Entretien avec Philippe Cognée, par Yannick Mercoyrol
— Biographies et bibliographies
— Crédits photographiques
— Version anglaise