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Peter Friedl. Travail 1964-2006

Après le Macba de Barcelone et le Miami Art Central, le [mac] de Marseille a accueilli cet été une rétrospective de l’œuvre de l’artiste autrichien Peter Friedl, des premiers dessins d’enfance aux projets les plus récents.

Information

Présentation
Sous la direction de Bartomeu Marí
Peter Friedl. Travail 1964-2006

Cet ouvrage, initialement produit pour l’exposition au Macba de Barcelone en 2006 et au Miami Art Central début 2007, est paru à l’occasion de l’exposition «Peter Friedl : Travail 1964-2006» au [mac], musée d’art contemporain de Marseille, du 30 juin au 16 septembre 2007.

Extrait de l’introduction de Bartomeu Marí

«Pour la plupart des oeuvres, Friedl insiste sur la dimension exposée de ses travaux, pour fausser leur statut de faits complets, clos, ininterrompus. Qu’est-ce qu’une exposition ? Que signifie rétrospective ? Une oeuvre d’art y est-elle à sa place, ou bien n’est-ce qu’un arrangement fortuit ? Une rétrospective est une projection visuelle et critique qui se déplace du présent vers le passé. Ici, nous en appelons à un passé récent, non encore solidifié. Encore trop proche pour être hors de portée, mais suffisamment distant pour donner le recul nécessaire à une appréciation d’ordre conceptuel. Les faits et leurs sédiments se juxtaposent, et ajoutent consécutivement des strates aux diverses interprétations. En « muséalisant » des objets et des oeuvres, on cherche à inscrire leur existence présente dans un réseau d’interprétations qui tiennent compte d’une communication optimale, de façon à faciliter la compréhension et à provoquer des expériences. Avec le temps, les oeuvres se nantiront progressivement de nouvelles significations.
L’exposition élucide-t-elle ou obscurcit-elle les composantes de cette oeuvre ? Que signifie compréhension en matière d’art ? Peter Friedl est un artiste climatique, en ce sens qu’il est à la fois plausible et imprévisible. Son rapport à la modernité est assez problématique, et non moins complexe que son rapport à la contemporanéité. À contempler son travail, on peut même échapper à la dichotomie entre compréhension et plaisir. Regarder les pièces conjointement peut déconcerter ceux qui recherchent l’empreinte de l’artiste dans l’unité stylistique ou matérielle. Mais Friedl a beau rejeter l’unité de forme, de thème ou de technique, les arguments qui relient les oeuvres entre elles, de même que les lectures et approches de leurs raisons d’être, sont tout à fait évidents.

L’exposition comprend non seulement des oeuvres mais aussi des informations sur certains travaux qui, malgré leur rôle notoire dans la production de Friedl, ne peuvent entrer dans le format d’une exposition. Il s’agit de projets réalisés dans des lieux publics ou des interventions in situ prévues pour un espace et un moment précis. Il serait impossible de les reconstruire, car le fait de les interpréter et de les exposer à nouveau en ferait un nouveau point de mire. Leur présence documentaire sous forme de posters émane graphiquement des pages de ce catalogue et leur permet d’exister dans la grammaire présentative élaborée pour l’exposition. Le catalogue transféré sur les murs du musée trouve sa place aux côtés des autres oeuvres, mais il remplit également une autre fonction : celle d’offrir un supplément d’informations sur quelque chose d’absent. Une sorte de réciprocité se met en place, par laquelle les deux éléments reposent l’un sur l’autre.»