ART | CRITIQUE

Perusing The Scenery

PFlorence Mottot
@06 Fév 2010

Après «Nach der Jagd ist vor der Jagd», présenté à la galerie Praz-Delavallade en 2006, l’Allemand Erik Schmidt expose «Perusing the Scenery», une succession d’œuvres qui reflète, de manière insouciante et intime, son voyage en Terre Sainte, des collines de Judée, aux hauteurs du Golan et à la Mer Morte.

Les nouvelles œuvres d’Erik Schmidt sont le reflet de ses observations en Terre Sainte, glanées au cours de différents voyages. La posture qu’il adopte est celle du voyageur-touriste, abandonné à la contemplation romantique du paysage, aux ressentis visuels, sans hiérarchisation de sujets. Erik Schmidt se comporte en étranger dans la société israélienne, se focalise sur le non-spectaculaire, se détournant du spectacle humain pour privilégier l’archaïsme de la nature.

Dans la première salle de la galerie, une toile reproduit un arbre. Les taches de couleurs, quasi-pointillistes, paraissent sorties du tube. La silhouette du bois est figurée par des lignes de peinture orange, toutes en épaisseur. Des amas de points, plus sombres, symbolisent un feuillage.

Erik Schmidt reproduit des motifs qui se seraient sans doute évanouis dans la normalité, s’ils n’avaient pas été saisis sur la toile. Sa représentation de la Terre Sainte, si elle n’était volontairement paysagère, pourrait sembler naïve: elle évacue toute tension liée au contexte israélien, toute considération politique, religieuse ou idéologique.

Dans la seconde salle, on peut reconnaître sur plusieurs toiles la forme architecturale des habitations israéliennes (amas carrés de couleur blanche), figurations perdues dans une profusion de points de couleurs roses ou violettes.

De façon générale, les œuvres de «Perusing the Scenery» (Lire attentivement le paysage) alternent entre une représentation figurative des motifs et un traitement abstrait, purement personnel, de la couleur.
Au fil des toiles, Erik Schmidt précise et redécouvre sans cesse une palette de roses, violets, blancs. Une utilisation de teintes froides qui contraste avec l’aridité des paysages, renforçant par là même l’impression d’étrangéité du peintre au lieu, de distanciation intellectuelle de l’artiste vis-à-vis de la réalité physique comme contextuelle.

Dans la même salle, un projecteur de diapositives égraine des images de rivages de la Mer Morte, sans liens, banales: un homme, sous la douche, tente de se débarrasser du sable collé à sa peau.

Au total, Erik Schmidt développe une peinture autonome, libérée des contraintes du contexte idéologique comme de la représentation traditionnelle. Il semble faire prévaloir ses perceptions sensuelles, visuelles, subjectives, créant, à partir de ses fantasmes de touriste insouciant et contemplatif, ses propres codes romantiques.

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