DANSE | SPECTACLE

Sin baile no hay paraiso

09 Oct - 10 Oct 2018

Performance solo habitée par de multiples personnages, le chorégraphe catalan Pere Faura livre, Sin baile no hay paraiso [Pas de danse, pas de paradis]. Sous-titrée "Ma propre histoire de la danse", Sin baile no hay paraiso réunit quatre monuments chorégraphiques, au sein d'un seul corps dansant.

Avec Sin baile no hay paraiso. Mi propia historia de la danza (2014) [Pas de danse, pas de paradis. Ma propre histoire de la danse], le chorégraphe et performeur catalan Pere Faura livre une pièce à propos et autour de la danse. Une réécriture qui passe notamment par la relecture de quatre icônes de la danse. À savoir Singin’ in the Rain (1953), comédie musicale filmique de Gene Kelly et Stanley Donen. Ensuite Saturday Night Fever (1978), autre grand film chorégraphique de John Badham. Troisièmement Rosas danst Rosas (1983), d’Anne Teresa de Keersmaeker. Et enfin La Mort du cygne (1905), ballet de Michel Fokine. Opérant un collage entre ces quatre pôles, Pere Faura plonge dans la mémoire collective, pour mieux entrelacer fragments et phrases. Avec un humour léger, la relecture de Pere Faura décrypte aussi ce qui fait le sel des moments les plus touchants de ces Å“uvres.

Sin baile no hay paraiso [Pas de danse, pas de paradis] de Pere Faura : quatre icônes

De l’enthousiasme à la grâce, Pere Faura glisse d’un personnage à l’autre. Qu’il donne corps à La Mort du cygne ou Rosas, c’est en danseur habité qu’il entraîne les publics. Sur scène, le travail de vidéo (opéré par Desilence Studio) offre un décor mouvant. Un décor d’images, de lumière, qui répond à l’énergie des quatre pièces choisies. Toutes vibrantes à leur manière. Sur les quatre, deux sont des films, tandis que les deux autres ont fait l’objet de captations vidéo marquantes. De ce travail d’images résulte une texture environnementale capable de compléter la performance de Père Faura, immergé dans la lumière et les couleurs. Ses ombres projetées, nettes, viennent également compléter le tableau en mouvement. Pour une scénographie qui accentue ainsi la dimension mémorielle et collective. Ce que travaille Père Faura, c’est une matière mouvante et insaisissable. Celle du souvenir, du mouvement, de la danse, de l’émotion.

Mémoire collective : une histoire chorégraphique à incarner et réécrire

Le sourire exagéré de Gene Kelly. La coolitude de John Travolta. La perfection mathématique d’Anne Teresa De Keersmaeker. Le drame virtuose de Maïa Plissetskaïa. Ce sont là quatre descriptions données par Pere Faura. Comme quatre points cardinaux chorégraphiques. Auxquels il adjoint quatre vecteurs directionnels : la facilité du bonheur dans les comédies musicales. L’impossibilité de chorégraphier la liberté du Disco. La dramaturgie de la répétition du mouvement abstrait. Et la stylisation maximale de la représentation de la mort. Soient quatre grandes lignes de force, qui traversent la mémoire collective dansée. Quatre formes de disciplines et d’astreintes, pour atteindre le summum de ces dynamiques. À l’aune d’une réécriture souple, personnelle, mais aussi partageable. Mémoire d’un danseur qui aura vibré, peut-être parfois jusqu’à la nausée, sur ces moments d’extase : Pere Faura en livre la quintessence. Ce qui dans ces icônes, de l’enfant au danseur professionnel, aura su rester mémorable.

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