DANSE | SPECTACLE

Festival de Marseille | Dans la peau de l’autre

04 Juil - 06 Juil 2019

Se voyant comme des bébés serpents obligés de se débrouiller seuls beaucoup trop tôt, les 'shegués' de Kinshasa ont créé leur propre danse. Une danse de lutte, de territoire, de supériorité. Une danse à découvrir avec Dans la peau de l'autre de Pepe 'Elmas' Naswa.

Jeune chorégraphe contemporain congolais, Pepe ‘Elmas’ Naswa (né en 1984) a déjà quatre pièces à son actif. La dernière en date, Dans la peau de l’autre (2019) livre un condensé de la vie chorégraphique dans l’actuelle Kinshasa (RDC – République Démocratique du Congo). Venu du Hip-hop, Pepe ‘Elmas’ Naswa cultive une Afro-Street kinoise énergique. Une écriture qui se frotte régulièrement à la Plateforme Contemporaine de Kinshasa. Soit un festival international de création et spectacle vivant, initié en 2005 par le KVS (Théâtre Royal Flamand) de Bruxelles. Programme d’échange artistique entre Bruxelles et Kinshasa, La Plateforme Contemporaine crée des ponts entre artistes, sur les deux continents. Proche de cette structure, Pepe ‘Elmas’ Naswa y a affûté son écriture chorégraphique, sans pour autant abandonner son engagement social. En témoigne Dans la peau de l’autre, une pièce qui, à son tour, fonctionne comme une rencontre, une plateforme entre les genres.

Dans la peau de l’autre de Pepe ‘Elmas’ Naswa : entre danse du serpent et hip-hop

Danse vigoureuse, presque boxée, Dans la peau de l’autre s’inspire de la danse du serpent. Une danse créée et pratiquée par des jeunes de Kinshasa. Pas les plus tendres ; pas non plus les moins doués pour montrer par la danse leur détermination, leur force. Pepe ‘Elmas’ Naswa a d’abord rencontré cette danse dans un bar de son quartier, à Kinshasa. Un lieu de battles, où des ‘shegués’ (jeunes en marge, voyous, têtes brûlés…) viennent se produire. Intéressé par leur pratique, Pepe ‘Elmas’ Naswa a d’abord monté un projet avec dix-huit danseurs, sous forme d’ateliers. Aujourd’hui, la pièce Dans la peau de l’autre tourne avec deux d’entre eux notamment, dont DJ Samantha. Avec sept interprètes, six hommes et une femme — David Bakonese, Serge ‘DJ Samantha’ Boka, Bel’Ange Hangidi, André ‘Bared’ Kabangu, Chadrack ‘King’ Ngambieni, Trésor Ngonzama et Dieu ‘Charlo’ Risasi —, la pièce reflète l’esprit musclé de cette danse.

La danse actuelle à Kinshasa : du contemporain à la danse des ‘shegués’

Quel esprit ? Comme l’explique Pepe ‘Elmas’ Naswa, à la question de savoir ce qui motivait leurs mouvements, toujours différents, la plupart répondait des choses comme : « Je danse pour montrer que je suis supérieur… » Ou : « Je veux qu’ils sachent que c’est moi le plus fort… ». Une atmosphère palpable dans la pièce, certes joyeuse mais aussi marquée par la lutte. Ce que Pepe ‘Elmas’ Naswa résume en disant qu’il s’agit d’une danse provocatrice, qui énonce quelque chose comme : « ici, dans mon coin, c’est moi le roi ! ». Sur une scène dépouillée, à l’exception de quelques estrades, dont celle où se produit DJ Samantha (chant), les danseurs remplissent l’espace de leur énergie. Comme si la danse était là pour faire le vide et occuper un territoire. Moment d’échange, et peut-être même aussi de mues collatérales, Dans la peau de l’autre met en tension différentes danses.

À retrouver en première française au Festival de Marseille 2019.

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