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Peintures monochromes or

PMaxime Thieffine
@12 Jan 2008

L’exposition de Bernard Aubertin, ancien membre du Groupe Zéro, est l’occasion de redécouvrir une démarche rigoureuse, au travers de nouveaux monochromes or. Dialogues avec la lumière et les déplacements du spectateur.

La toile tendue sur un châssis carré est accrochée au mur, contre le mur. Sur celle-ci est appliquée une dizaine de couches de peinture or qui, dans la lumière ambiante, créent de multiples effets de surface et de fins reliefs.
L’application des pigments sont visibles par de légers coups de brosses horizontaux ou légèrement arqués qui produisent des vibrations de surface, tandis que nos mouvements accentuent les variations chromatiques. De loin, on n’accède qu’à une idée de la couleur «or», mais en s’approchant on voit les vibrations de la matière. Comme sur un champ de blé caressé par le vent, la lumière glisse ou s’accroche entre le jaune citron, lorsque l’on est très proche de la toile, et un doré aux impressions rouges sombres, lorsque l’on est de biais.

La maîtrise de coloriste de Bernard Aubertin et la tradition du monochrome incitent à prêter attention aux détails. La surface n’est pas totalement recouverte, sur les bords une étroite frange de blanc délimitée au crayon encadre la couleur. Comme pour neutraliser l’effet de séduction qui pourrait venir de la couleur-matière or.
Mais cette limite est traversée par des coups de brosse qui empiètent sur la zone. Des couches d’or gonflent même en bas de la toile, comme une légère vague naissante ou une déchirure créant un relief inattendu et étrange.
L’impression d’uniformité et de sérialité des toiles, avec la couleur appliquée de bas en haut, est ainsi contredite par les traces de l’exécution et par les débordements manuels des strates de la peinture.

La multiplication de toiles semblables dans l’espace permet de saisir les différents effets et déclinaisons, notamment celles qui sont opérées par les trois formats différents.

Agé de 72 ans, Bernard Aubertin a été moins exposé en France qu’en Allemagne, où il s’est installé.
Il a commencé à peindre des monochromes rouges en 1958, ce qui l’a amené à participer au groupe Zéro (avec Heinz Mack, Otto Piene et Günther Uecker). Ce mouvement artistique, fondé à Düsseldorf, a exploré les reflets sur l’aluminium, les jeux avec le paysage et la météo, le feu et la fumée.
Aubertin a également rencontré Yves Klein, dont il continuera certaines recherches, en particulier celles qu’il a menées avec le feu et l’or, tout en restant fidèle à ses préoccupations spirituelles.

Bernard Aubertin poursuivra ses recherches autour de la couleur (les séries «Plein rouge», «Simplement rouge», «Monochromes noires», «Tableaux blancs») comme autour des effets et de la force énergétique des matériaux («Tableaux feu», «Signes de feu», «Fumées rouges») dans des œuvres rigoureuses et proches d’un certain cinétisme (ses séries de «Tableaux clous»).
Son vocabulaire plastique, proche de Yves Klein et de Robert Ryman, sait jouer d’effets de paysages, de variations lumineuses et d’intensités voisines de la peinture asiatique traditionnelle.

Bernard Aubertin
— Carré Or (Or, Klassik), 2005/2006. Acrylique sur toile. 100 x 100 cm (8 ex.).
— Carré Or (Or, Klassi), 2005/2006. Acrylique sur toile. 40 x 40 cm (6 ex.).
— Carré Or (Or, Klassik), 2005/2006. Acrylique sur toile. 30 x 30 cm (1 ex.).

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