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Peintures et collages

14 Avr - 23 Mai 2015
Vernissage le 14 Avr 2015

Christian Bonnefoi travaille la transparence et la souplesse de la matière. A travers ces notions, son œuvre résolument abstraite s’affirme comme une expérimentation artistique à part entière. Pour lui, peinture et monde onirique sont intimement liés. Chaque couche de peinture est une accumulation de mémoire et le tableau la création d’une temporalité.

Christian Bonnefoi
Peintures et collages

«Dans toutes mes séries, il y a des fonctions qui sont reprises (textures, couleurs, lignes, gestes, etc.) dont la structuration variable permet l’apparition et la libération de la forme; parfois la forme peut s’ouvrir, parfois elle peut se fermer; certaines possibilités émergent dans un tableau et vont se développer dans un autre…». (Christian Bonnefoi)

Christian Bonnefoi travaille la transparence et la souplesse de la matière. A travers ces notions, son œuvre s’affirme comme une expérimentation artistique à part entière. Demeurant inconditionnellement dans l’abstraction, il développe un langage pictural original et personnel, en mélangeant les formes et matières, troublant tous repères.

Pour sa 11e exposition personnelle à la galerie Oniris, Christian Bonnefoi présente ses derniers travaux datant de 2014. Même si son œuvre se trouve en perpétuelle évolution (innovation des procédures et variation des matériaux et supports), elle s’inscrit dans la continuité des travaux présentés l’été 2011, à savoir la série Euréka VIII et l’apparition des toiles noires. L’artiste s’affranchit alors des supports traditionnels et préconise la toile en tarlatane ou la toile de nylon pour travailler la transparence: il peut ainsi peindre le recto comme le verso, et laisser apparaître, derrière la toile, le châssis et le mur.
La série des PL IV, par exemple, s’impose en 2014 comme une renaissance, une suite, dans la famille des PL (PL I, PL II, PL III) qui avait duré de 1988 à 1990. Cette série repose sur le rapport particulier qu’entretiennent le geste et le fond, rapport rendu possible par l’usage de la lumière et de la transparence de la toile, à tel point que le verso se présente en même temps que le recto… nous offrant une vision inédite de la surface.

Les textures s’y mêlent dans un chevauchement et une sinuosité de bandes colorées. Seulement ces bandes colorées brossée à la surface coïncident paradoxalement avec le fond: le hasard qui anime la surface au premier plan se soumet à l’intensité du fond qui émerge, traverse et dépasse les couches picturales. Dans une sorte d’énigme, la peinture est ramenée à la surface et semble flotter au-dessus d’une certaine profondeur. «Je peins les tableaux en partant de leur envers»: la profondeur a le pouvoir de s’élever et remonter à la surface.

D’après lui, il existe une analogie, un lien très intime entre la peinture et le monde onirique. C’est-à-dire qu’il crée un parallèle entre le travail sinueux de l’inconscient donnant matière au rêve, et la profondeur du tableau d’où surgissent les méandres du pinceau. Le monde inconnu, profond et secret de l’inconscient comme de la peinture se révèle dans des moments de transport. Chaque couche de peinture est une accumulation de mémoire et le tableau la création d’une temporalité.

Aux côtés des PL IV, se déploient aussi sur les murs de la galerie des assemblages de Ludos récents, montés par les soins de l’artiste. La dispute de Barcelone, comme chaque Ludo, est un collage autonome, une forme épaisse qui s’est échappée hors du cadre du tableau pour explorer son environnement extérieur.
Christian Bonnefoi organise et punaise les Ludos sur le mur comme un puzzle pour créer une Composition. Dans ces Compositions se rencontrent, s’affrontent ou se joignent figuration et abstraction, et où figuration devient abstraction. Le lien d’un Ludo à un autre n’étant pas toujours adéquat, il introduit d’autres formes pour harmoniser la Composition: c’est-à-dire des éléments de liaison, comme dans l’écriture, et rend alors possible le déroulement d’un récit.
Le montage des Ludos est une sorte d’interprétation du collage cubiste, s’impliquant dans une histoire à Mondrian et à l’abstraction expressionniste américaine. «Disons que mon travail se développe plus sous la forme d’une constellation que sous une forme linéaire. C’est un travail qui n’est jamais achevé, mais toujours ouvert».

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