Sur les murs du hall du Carré d’art de Nimes, repeints en orange vif, des tubes de néon blancs tracent des lignes horizontales ou verticales, des angles droits. Les câbles noirs d’alimentation électrique n’ont pas été cachés, ils se déploient librement vers le sol, hors du cadre. Le cube blanc de l’espace de l’exposition se recouvre d’une nouvelle peau et la lumière diffusée réécrit le lieu par le biais de cette installation intitulée I Dreamt Your House Was A Line (2003).
Dans toute l’exposition et de différentes façons, des tubes de néon guident le parcours et sculptent le regard. Isolés sur une poutre métallique allant d’un mur à l’autre d’une salle (One Tube); ou placés en hauteur, comme un fil continu; ou sur cinq imposantes plaques de verre alignées contre le mur; ou recouverts de peinture et et placés à différentes hauteurs dans la structure métallique Unnamed Word 1, ces tubes de lumière n’ont jamais le même emploi et ne diffusent jamais la même lumière.
Pedro Cabrita Reis peint avec la lumière et construit un autre rapport à l’espace. Il utilise les matériaux qui font partie de notre civilisation postmoderne: néons, tubes d’acier, plaques de verre, portes ikea, pneus, etc. Les portes sont accrochées perpendiculairement au mur, les tubes d’acier de la série «Compound» construisent des grilles orthogonales, deux guérites assemblées sont placées en hauteur (Olhar, Olhar Sempre, 2000).
L’objet moderne ou quotidien est sorti de son contexte, manipulé dans l’espace, mais il conserve ses irrégularités. En effet, les tubes d’acier sont irréguliers, le métal de la guérite présente des marques de chocs. Les matières modernes des objets conservent les traces de leur vie d’avant l’art, des gestes de l’homme, ce qui le confère une part d’humanité; tandis qu’est soulignée l’instabilité du geste architectural, à l’instar de ces cinq plaques de verre alignées contre le mur, qui sur des parpaings.
L’artiste n’oublie pas le geste du peintre, d’un artiste-ouvrier, qui se place hors de la représentation.
La série «The Sleep of Reason» (2009) de douze photographies en couleur se compose de vues de plages, de mer, d’arbres: d’espaces ouverts. Mais chaque image est divisée en deux au moyen de peinture orange qui recouvre sa partie gauche. Le réel s’efface au profit de la lumière de la peinture.
Dans une salle aux murs jaune vif, la série «Arcadia» de peintures à l’acétone est constituée d’un diptyque, d’un triptyque et d’un polyptique aux formats immenses sur lesquels des taches bleues dialoguent autant avec la toile vierge qu’avec la couleur jaune des murs, comme de l’eau qui se répandrait dans tout l’espace, dans un jeu de correspondances entre les éléments, ou de contamination des matières et des espaces.
Dans Untitled (with Potatoes), deux pommes de terre sont placées à côté d’un cadre en verre reposant sur une fine plaque d’aluminium tenue par deux piquets: une Å“uvre minimale qui présente un monde où coexistent des cellules désormais interdépendantes.
— Os últimos 1, 1999.Technique mixte sur papier. 64 x 57 cm.
— Olhar, olhar sempre, 2000. Acier inoxydable, acrylique sur verre, caoutchouc, contreplaqué, collage (photo de magazine sur la
fenêtre), 1456 x 220 x 135 cm.
— …Arte der Schweiz, 2001. Acrylique sur carte trouvée, 50 x 65 cm.
— I dreamt your house was a line, 2003. Peinture murale acrylique, aluminium, structures d’éclairage peintes, tubes fluorescents. Dimensions variables.
— The Unnamed Word #1, 2005. Acier, bois, émail sur verre, tubes fluorescents, 249 x 426 x 166 cm.
— Compound #5, 2006. Aluminium anodisé, 237,5 x 105 x 49 cm.
— Untitled (with Potatoes), 2008. Verre, acrylique sur aluminium, bois, pommes de terre, 180 x 300 x 10 cm.
— A propos des lieux d’origine #4 (Hamburg), 2009. Email sur aluminium, pneus, en 5 parties, 47 x 200 x 170 cm, 63 x 373 x 200 cm, 42 x 266 x 104 cm, 51 x 261 x 186 cm, 62 x 270 x 200 cm.
— Illumination artificielle, 2009. Acier et acrylique sur structure d’éclairage, 68,5 x 26,5 x 290 cm.
— The Sleep of Reason 4th Series (Orange) #5, 2009. Acrylique sur photo montée sur aluminium, 49,5 x 75 cm.
parisART sur Instagram