PHOTO | CRITIQUE

Paysages ordinaires

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Des paysages de campagne aux belles couleurs d’automne, où le regard est stoppé dans sa course par des zones nettes qui se détachent sur un ensemble plus flou. Un jeu entre dissimulation et révélation.

Poursuivant son travail de recherche sur le paysage, Xavier Zimmermann joue ici sur une faible profondeur de champ pour faire apparaître des plans dans l’image: des zones floues au premier et au troisième plan, une zone nette au deuxième. Il obtient ainsi une image brouillée dans laquelle se détachent des fragments qui retiennent le regard par leur netteté.

Ce sont des paysages ordinaires, de ceux que l’on croise en se promenant à la campagne. Et pourtant, ils sortent du cadre du souvenir, de l’impression globale, en projetant en avant un élément de l’ensemble et en nous obligeant à le contempler dans toute sa précision.
De cette manière, Zimmermann rend visible ce qui est en général perdu dans la masse, comme dans certaines photographies où il met en lumière ce qui est à ras de terre, faisant ressortir la courbe majestueuse d’une herbe ou la légèreté d’une feuille qui repose sur le sol.

Par l’utilisation de zones floues, il introduit également de l’émotion et même de l’émotivité dans ces paysages, comme si le regard s’était troublé tout à coup. Et de ce contraste entre le flou et le net, naît une tension, un questionnement sur le regard et la construction de la chose vue, telle qu’elle se déploie sur la photographie.

Contrairement à la série des «Paysages français», où il recherchait l’épure et laissait la part belle au ciel gris des régions du Nord, le cadre est investi par la terre, l’herbe, les feuilles, les tronc d’arbres… Le point commun réside dans une recherche de l’harmonie des détails dans le paysage, un travail sur l’équilibre des formes qui s’apparente à une recherche picturale. On retrouve aussi une volonté de construire deux champs distincts dans un seul cadre, avec une intention de stopper le regard, de l’obliger à s’arrêter sur une partie de l’image.

Zimmermann construit ses photographies mentalement avant de les réaliser selon une méthode bien déterminée. Ce travail s’intègre dans une démarche plus générale d’interrogation de nos habitudes visuelles, et selon lui, dans une tentative de «comprendre nos différences de points de vue et de regards sur le monde».

Traducciòn española : Santiago Borja

Xavier Zimmermann :
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.
— Sans titre, 2006. Impression couleur sur aluminium. 125 x 150 cm ou 75 x 60 cm.

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