DESIGN | EXPO

Paulin, Paulin, Paulin

22 Oct - 19 Déc 2015
Vernissage le 22 Oct 2015

Des créations jamais éditées de Pierre Paulin dialogueront avec les œuvres de nombreux artistes contemporains à la galerie Perrotin. Outre l’intérêt manifeste qui consiste à associer la création industrielle et utilitaire à des œuvres ancrées dans le champ de la création plastique, il s’agit également de retracer le parcours d’un remarquable designer, connu pour l’utilisation singulière de matériaux molletonnés dans la confection de sièges.

Mike Bouchet, César, John de Andrea, Tara Donovan, Elmgreen & Dragset, Laurent Grasso, Candida Höfer, Kaws, Bertrand Lavier, Heinz Mack, Pierre Paulin, Monir Shahroudy Farmanfarmaian, Jesus-Rafael Soto, Xavier Veilhan
Paulin, Paulin, Paulin

La Galerie Perrotin de Paris organise, du 22 octobre au 19 décembre, l’exposition «Paulin, Paulin, Paulin». Des créations jamais éditées de Pierre Paulin (1927-2009) produites en édition limitée par Paulin, Paulin, Paulin (en particulier La Déclive de 1966; fauteuils, tables & tapis «Jardin à la française» réalisés spécialement pour le Palais d’Iéna à Paris en 1987; ensemble Dune et Tapis-siège conçus pour le projet Herman Miller en 1970; etc.) dialogueront avec des oeuvres d’artistes contemporains comme Mike Bouchet, César, John De Andrea, Tara Donovan, Elmgreen & Dragset, Laurent Grasso, Candida Höfer, KAWS, Bertrand Lavier, Heinz Mack, Monir Shahroudy Farmanfarmaian, Jesús-Rafael SOTO, Xavier Veilhan. Certains artistes ont introduit des créations de Paulin dans leur oeuvre (Bertrand Lavier, Elmgreen & Dragset, Candida Höfer) alors que d’autres ont développé des pièces ayant des correspondances formelles libres ou évoquant l’univers de Paulin.

Paulin, Paulin, Paulin, entreprise familiale fondée en 2008, travaille à la valorisation de l’oeuvre de Pierre Paulin. La structure produit également, en séries limitées, des créations souvent inédites, restées à l’état de prototypes ou réalisées dans le cadre de commandes spécifiques, avec le concours des meilleurs artisans et l’expertise de Michel Chalard qui fut le plus proche collaborateur technique de Pierre Paulin.

Les créations de Pierre Paulin ont des noms évoquant des numéros d’inventaire ou de modèles industriels (F560, F437, F582, F577 ….), mais nous les connaissons à travers des titres qui les décrivent, parmi lesquels: Mushroom (1960), Orange Slice (1960), Ribbon (1966), Tongue (1967) acquise dès 1967 par le MOMA New York. Iconiques, les objets du plus célèbre des designers français préfigurent la fin d’une époque laissant place à une société en pleine mutation culturelle, économique et technique au début des années 60. Les meubles de Paulin épousent les formes du corps humain, désormais libéré de toute contrainte sociale. Ses recherches rigoureuses de matières nouvelles (tissu élastique et mousse de polyuréthane par exemple) associées à une fabrication
innovante, plaçant le confort et le bien-être au coeur du processus, autorisent aussi toutes les combinaisons possibles d’agencements de l’espace devenu malléable. En effet, le principe de modularité des formes et un fonctionnalisme sensuel président à leur conception, dans un geste artistique radical. Les voyages en Scandinavie (1951) et au Japon (1963) marquent durablement Pierre Paulin et façonnent ses choix esthétiques tels un manifeste, qu’il a même appliqués à la commande pour les appartements privés de Georges Pompidou au Palais Présidentiel de l’Elysée en 1971 (encore plus audacieuse que celle « moderne certes mais classique » passée en 1983 par François Mitterrand): le corps doit fusionner avec ce qui l’entoure, ou plutôt l’inverse; le sol, les murs & le plafond sont pensés comme un tout harmonieux où un centre de gravité plus bas est souvent privilégiée, à l’image des intérieurs japonais ou des tentes nomades.

La Déclive (1966), succession sérielle de lames de bois recouvertes de mousse et reliées entres elles par deux véritables colonnes vertébrales en aluminium permettant leur articulation, ondule au gré des envies et semble être en apesanteur. Il n’existait jusqu’à présent que deux prototypes dont un dans les collections du Musée national d’art moderne/Centre de Création industrielle depuis 2003. Atypique, à mi-chemin entre la sculpture et le mobilier, La Déclive confronte la volupté des formes à la rigueur d’un mécanisme précis, exposant à elle seule les questionnements de son créateur : «Je suis ce que l’on pourrait appeler un para-artiste. Qui est entre l’art et la technique. Qui ne fonctionne que si ces deux missions sont accomplies».

Avec « Paulin/Planokind » de Bertrand Lavier, la Tongue chair surmontant un meuble de plans est élevée au statut de ready-made, jouant avec l’idée de patrimoine culturel. La peinture « Walt Disney Productions n.13 » nous plonge dans la collection du Musée d’art Moderne visité par Mickey et Minnie que l’artiste s’est amusé à reconstituer dans le réel.
Les thèmes des peintures de Mike Bouchet et de KAWS s’inspirent elles aussi du pop et de la société de consommation qui l’alimente.

L’ensemble Dune et les tapis-sièges que Pierre Paulin a imaginés en 1970 dans le cadre d’un programme résidentiel prônant un nouvel art de vivre, sont une commande de la firme Herman Miller qui édite notamment les pièces de Charles et Ray Eames qu’il admire depuis longtemps. L’idée sous-jacente est que chacun peut combiner les différents éléments, les assembler ou les disjoindre en fonction de son humeur, être l’architecte de son propre intérieur. La maquette de cet ensemble resté à l’état de projet figure dans les collections du MNAM/CCI depuis 2003; les prototypes ont été montrés pour la première fois par Louis Vuitton et Paulin Paulin, Paulin lors de Design Miami en 2014.

L’oeuvre de John de Andrea, une femme nue lascive hyperréaliste, assise sur l’ensemble Dune, souligne encore un peu plus la sensualité qui s’en dégage, de même que celle allongée au centre d’un tapis-siège, entre l’origami monumental et le tapis oriental, ou encore celle négligemment couchée sur un tapis «Jardin à la française».

La performance d’Elmgreen & Dragset intitulée «Untitled (Home is the Place You Left)» a été jouée notamment lors de la 53e Biennale de Venise en 2009 lorsque les artistes représentaient les pavillons danois et nordique. Dans l’une des deux maisons de collectionneurs fictifs (celle de Mr.B retrouvé mort dans sa piscine), un jeune homme lisait nu tout en écoutant de la musique avec un casque. Ici, il est assis sur un fauteuil F444 en cuir & acier, indifférent aux visiteurs de la Galerie (le jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 octobre de 11h à 19h puis tous les samedis de 15h à 19h).

Plus loin, l’Expansion n°9 de César (1970), incarne la densité onctueuse de la peinture, grâce à cette matière organique qu’est la mousse de polyuréthane (chère à Paulin) figée dans son flux.

Pierre Paulin exécute en 1986-1987 une commande du Ministère de la Culture/Mobilier national pour l’aménagement de la grande salle hypostyle du Palais d’Iéna construit par Auguste Perret en 1939, où siège le Conseil Economique et Social. Au sein de l’immense salle à colonnades, les tapis « Jardin à la française » définissent 8 espaces intimes de conversation composés de tables basses en bois de sycomore, érable moucheté et aluminium (n’existant jusqu’à présent que sous la forme de dessin) et de fauteuils facettés en bois de sycomore, aluminium et mousse. Les lignes géométriques font écho aux plafonds à caissons, s’inscrivant discrètement dans l’architecture des lieux, imposante et majestueuse.

Les motifs des tapis reprennent en partie le projet de Jardin minéral au Palais Royal pour lequel Pierre Paulin était en lice face à Daniel Buren qui remporta le concours en 1986.

Enfin, la table « Cathédrale » en aluminium et verre, considérée par Pierre Paulin comme son chef d’oeuvre, allie la précision de l’ingénierie aux courbes ouvragées de l’architecture gothique.

Les mobiles de Xavier Veilhan synthétisent ses recherches esthétiques et techniques aux confins de différentes disciplines architecture, design, musique, cinéma, etc. Celles-ci sont empreintes des modernismes du XXe siècle et rejoignent sans doute les préoccupations de Pierre Paulin.

En 2005, Candida Höfer a réalisé des photographies fantomatiques de la Grande Galerie désertée du Musée du Louvre, ponctuée des banquettes «borne» collectives et circulaires de Paulin (1969-70).

Les oeuvres de Jesús Rafael Soto et Tara Donovan développent notamment le principe de modularité à travers des compositions rigoureuses, optiques et vibratoires dont la perception varie en fonction du point de vue; de la même manière celles de Monir Shahroudy Farmanfarmaian, Laurent Grasso et Heinz Mack captent et réfléchissent la lumière atmosphérique ainsi que les corps des visiteurs fragmentés.

Elles invitent à une expérience multi-dimensionnelle, polysensorielle et temporelle de l’exposition.

Une grande rétrospective de l’oeuvre de Pierre Paulin (commissaire Cloé Pitiot) sera organisée par le Centre Pompidou du 11 mai au 22 août 2016.

Vernissage
Jeudi 22 octobre à partir de 16h

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