ART | CRITIQUE

Paul Pagk

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Paul Pagk fait vibrer les couleurs et chanter les lignes sur la toile. Une écriture formelle en perpétuelle recherche où chaque élément de la composition trouve sa place dans l’ordre des choses. Une peinture dense, très retenue, prenant vie sous le regard de celui qui la contemple.

Cela fait plus de dix ans que la galerie Eric Dupont suit le travail de cet Anglais formé à Paris et travaillant aujourd’hui à New York. Une œuvre sans concession qui garde toujours le même cap : la rigueur formelle.
En digne héritier des minimalistes, Paul Pagk fait acte de recherche en peinture. Concentré sur l’abstraction géométrique, il explore l’organisation des formes, de la ligne et des couleurs. Il travaille l’espace et la tension dans la composition.

Lignes et aplats de couleurs investissent des toiles au format carré presque identique. Les aplats de peinture à l’huile sont posés à grands coups de brosse et en nombreuses couches successives. Un procédé qui matérialise la surface et lui donne une épaisseur, en créant un effet de transparence dans la saturation des couleurs. L’huile apporte aussi brillance et luminosité qui font vibrer les teintes.

Sur ces fonds souvent monochromes, le peintre dépose des traits, créant ainsi un avant et un arrière plan, une partie positive contre son négatif. Ces lignes captent l’œil et le font pénétrer à l’intérieur de la toile. On a l’impression qu’elles creusent la surface alors qu’elles se superposent à la couche du fond. Avec le temps, elles se sont affinées en devenant plus fragiles, hésitantes mais pleines de vie. Une légèreté qui anime l’épaisse couche de couleur recouvrant la plus grande partie de la toile.

L’accrochage de croquis de l’artiste demande qu’on s’y intéresse car les dessins au geste spontané contrastent avec le formalisme des tableaux et marquent les étapes du processus de création. D’un côté, on ressent bien les essais, de l’autre, on est saisi par la cohérence du placement de chaque élément dans l’espace du tableau. Tout semble procéder d’une nécessité et avoir une place qui ne peut être changée.

Les tableaux exposés se suivent mais ne se ressemblent pas. Vus dans leur ensemble, ils témoignent du cheminement d’une recherche formelle. Pris un à un, ils vous emmènent dans un univers distinct porteur d’émotion. A chaque toile, la même question est posée : comment les lignes structurent l’espace, comment les couleurs créent la lumière et l’émotion, comment le trait du dessin nous projette chaque fois dans une nouvelle histoire ? Et toujours, la réponse est différente, elle existe en tant que telle et c’est cela qui fait son identité. Comme si cet ordre des choses avait toujours existé.

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