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Passage du temps. Une sélection d’œuvres autour de l’image

L’exposition «Passage du temps», au Tri Postal de Lille, présente une sélection d’œuvres «autour de l’image», puisées dans la monumentale collection de François Pinault par Caroline Bourgeois. L’occasion d’une introspection dans l’art photo et vidéo des quarante dernières années.

Information

Présentation
Commissaire de l’exposition : Caroline Bourgeois
Passage du temps. Une sélection d’œuvres autour de l’image. Collection François Pinault Foundation

Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition «Passage du temps», présentée au Tri Postal, à Lille, du 16 octobre 2007 au 1er janvier 2008, dans le cadre de Lille3000.

« Pour la première présentation de la collection de la François Pinault Foundation en France, je suis fière du choix de Lille et du Tri Postal dont l’architecture industrielle permet de présenter des œuvres aux dimensions exceptionnelles et une partie de la collection vidéo que j’ai eu le plaisir de contribuer à former.

Il a été décidé de partir de la collection vidéo, pour naturellement l’élargir aux artistes utilisant la photographie et la lumière. Le choix des œuvres s’est donc orienté autour de la question de l’image, de façon générique, que ce soit de vraies images, ou des œuvres qui provoquent des images mentales.

L’enjeu de l’exposition «Passage du Temps» est d’essayer de «faire exposition», et donc sens et histoire à partir d’une collection. J’ai essayé, dans la contrainte du lieu, à travers un découpage thématique, de proposer des histoires que chacun peut se réinventer à partir des sensations, des questions, des plaisirs, des moments que proposent les œuvres des artistes présentés. Il a été également très important d’arriver à rythmer le parcours pour le public entre des installations ouvertes et fermées, entre des moments de noir et des moments de blanc, entre des moments de bruits et des moments de silence, entre des moments ludiques et des moments plus méditatifs. J’emploie le mot «moment» à dessein, car toute exposition suppose un moment d’intimité avec les œuvres, une réaction individuelle vis-à-vis du parcours proposé, et du sens ainsi transmis.

Les thématiques que j’ai choisies sont une façon d’aborder les œuvres des artistes pratiquant ce médium durant ces quarante dernières années, sans aucune prétention d’être exhaustive. C’est une proposition et une façon d’essayer de refléter les principales questions que les artistes ont pu aborder.

Nous avons traversé une période de remise en question de la notion d’œuvre d’art et même d’identité d’artiste. En partant de l’époque minimale et conceptuelle, la notion d’objet et les matériaux utilisés par les artistes ont été réinventés. La pensée devenait l’objet de l’art, que ce soit la pensée de l’auteur comme celle du visiteur par l’expérience de l’œuvre. Le visiteur n’est plus un simple spectateur mais devient l’acteur de l’œuvre.

L’exposition commence ainsi par la question de l’«éblouissement» avec une ceuvre magistrale de Dan Flavin, éblouissante par sa taille, par sa lumière, par sa magie. Ce passage agit comme un sas entre une période historique et la révolution des années 1970, mais également comme un sas pour le public entre le monde extérieur et l’exposition. Elle propose également à travers l’éblouissement, une façon de se défaire de ses images préconçues pour entrer dans le monde des artistes.

«Les années 70» propose une sélection d’œuvres d’artistes fondamentaux de cette période de révolution permanente où la notion d’avant-garde avait tout son sens. Le politique, les médias, le corps, la performance, l’identité sont des questions abordées de façon foisonnante et ne peuvent être présentées ici qu’à travers une sélection. Le choix ne s’est pas porté uniquement sur la date des œuvres, mais sur les artistes ayant été fondamentaux pour tout ce qui allait suivre.

«Et si on jouait» propose une sélection d’œuvres autour de la notion de jeux (rapport à l’image, et à l’enfance) et de «je» mettant l’accent sur l’importance de l’image par rapport à l’identité personnelle. C’est une question qui hante toujours l’actualité de l’art tant elle est inhérente à toute société. La dimension critique et provocante est ici abordée par le sens de l’humour et un esprit éventuellement grinçant, les artistes utilisant ce moyen pour aborder des questions essentielles.

«Histoires de Cinéma» présentent une sélection d’œuvres dont le sujet commun est le jeu autour du cinéma, comme élément de notre culture commune. Le champ de l’image en mouvement dans l’art a toujours été marqué et lié à l’histoire du cinéma. Ici les œuvres et les artistes se préoccupent de l’héritage du cinéma. Que ce soit dans la déconstruction, dans l’appropriation ou dans le détournement, les artistes interrogent nos savoirs mais aussi nos habitudes de spectateurs.

«Histoires de Vies et de Survies» abordent les questions du monde actuel, et introduit le rapport au réel dans l’art et en particulier dans le champ de l’image en mouvement. Nous sommes dans un monde global dont les violences sont dans nos journaux de façon quotidienne. Il s’agit d’une sélection d’oeuvres qui prennent le rapport à la réalité comme point de départ de la création.

«Passage du Temps» termine l’exposition. Le titre de l’exposition est ici utilisé afin de suggérer la question présente dans toute époque, de l’au-delà. Que ce soit de façon critique à l’égard de nos croyances, ou au contraire comme un chemin de conscience, les œuvres parlent toutes d’un temps au-delà de celui de l’individu, pour aborder le sens de la vie. Enfin dans les deux «Interludes» de l’exposition, temps de pause et de respiration, sont présentées des oeuvres singulières qui traversent les thèmes proposés. »