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Pash Buzari

PRaphaël Brunel
@12 Jan 2008

L’artiste berlinois Pash Buzari expose pour la première fois à Paris, à la Galerie Martine Aboucaya, un ensemble d’œuvres et de supports hétéroclites, qui semblent se confronter les uns aux autres.

L’artiste berlinois Pash Buzari expose pour la première fois à Paris, à la Galerie Martine Aboucaya. Après un tour rapide de l’exposition, le visiteur découvre un ensemble d’œuvres et de supports hétéroclites, qui semblent se confronter les uns aux autres. Ainsi photographies de petit et grand format côtoient néons, inscriptions peintes à l’acrylique sur les murs de la galerie, projection vidéo, dessins géométriques et module en contre-plaqué.

En entrant dans la galerie, le visiteur découvre une série de huit photographies de petit format. Elles sont réalisées de nuit: seuls les halos des lampadaires (d’une ville? d’une route ?) sont visibles sous forme de boules oranges, qui donnent l’impression d’une nuit de bombardement, d’inquiétude et de tension. A côté de ses clichés, un néon, orange lui aussi, où l’on lit : «…ilightuplikeneon».
Le lien entre ces deux œuvres est ici assez simple: le rappel de couleur et de thème. Le néon transforme la forme vue sur les photographies en phrase, devenant en quelque sorte sa légende.

Dans la grande salle de la galerie, un imposant module en contre-plaqué occupe le sol. Il est composé de deux plans superposés dont les centres ont été évidés, comme pour matérialiser ce vers de Gherasim Luca: «Le plein vidé de son plein, c’est le vide».

Face à cette structure, une photographie de grand format intitulée Azteca représente un entrelacement de poutre en béton appartenant à un immeuble en construction ou à l’abandon, ou à un parking. Il s’agit d’une structure monumentale, qui fait figure de ruine, d’architecture désossée.
Là aussi le plein rugueux des poutres se confronte à l’apparent vide de la structure, comme dans une gravure de Piranese. Cette pièce accueille également deux projections d’un même film en 8 mm décalé de quelques images, qui reprend en partie des formes architecturales.

L’exposition se termine dans une petite salle où sont présentés quatre dessins de géométrie dans l’espace et deux photographies de ciel marqué par les traces d’un réacteur d’avion. Sur l’une d’elles est visible un lampadaire que Pash Buzari associe, dans le titre, à un chien noir.

La question formelle semble au cœur de la réflexion de Pash Buzari. L’association des formes sert de point de départ à une compréhension plus grande des choses, comme dans Cosmos de Gombrowicz où la comparaison de deux bouches placées côte à côte donne lieu à une réalité inenvisagée.
En décontextualisant les œuvres et en les plaçant dans l’espace commun d’exposition, Pash Buzari produit de l’insolite, de la surprise. Il transpose un univers privé dans un lieu public et respectable où d’autres personnes sont invitées à participer, d’une certaine manière, à son «work in progress». Il s’adresse concrètement à eux avec l’inscription Voto X voto peinte dans le couloir de la galerie.

Si leur compréhension et leur association restent lacunaires et souvent énigmatiques, chaque œuvre ouvre sur un hors-champ, sur une part d’invisible et d’indicible, sur une part d’imagination qui redonne une place active au spectateur, en lui remettant le droit de compléter les éléments manquants. Tout en refusant de s’enfermer dans un medium précis, Pash Buzari constitue un travail cohérent où l’inachevé constitue le terreau d’une image finale. Por el bien de todos…

Pash Buzari
— Voto X Voto, 2007. Walldrawing, peinture acrylique (Rouge Vermillon). 40 x 389 cm, dimensions variables.
— Untitled Cutting, 2007. Construction en bois aggloméré. 184,5 x 304,5 cm.
— Azteca, 2005. Tirage lambda encadré. 138 x 220 cm.
— Black Dog, Blue Sky, 2006. 2 Photographies couleur encadrées. 51 x 68 cm chaque.
— …ilightuplikeneon, 2007. Néon. 11 x 90 cm.
— Tomorrows News Knows, 2006. Vidéo
— Drawing for Young People, 2006. 4 dessins.
— Por el bien de todos, 2007. Acrylique.

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