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Pascal Pinaud. Serial painter

Depuis plus de vingt ans, Pascal Pinaud réinvente la peinture abstraite dans une recherche incessante de nouvelles voies, en faisant preuve d’une grande originalité formelle et technique. À travers un parcours théorique et historique, Thomas Golsenne analyse le travail du peintre en soulignant son engagement tout autant esthétique qu’éthique et politique.

Information

  • @2014
  • \32€
  • E288
  • Zoui
  • 4Français-Anglais
  • }230 L - 270 H

Thomas Golsenne
Pascal Pinaud. Serial painter

Tout le monde connaît la figure du tueur en série, qui, poussé par une fièvre psychopathe, collectionne ses victimes, les torture et les exécute. Le peintre en séries, lui, a une fièvre de création et non de mort. Il ne cherche pas à détruire mais à guérir la peinture et ce qui le pousse à enchaîner les tableaux n’est pas un trauma d’enfance ou un manque douloureux mais une entreprise obstinée: la peinture comme quête.

Où est donc la peinture? Question absurde, à première vue, puisqu’elle est partout et qu’elle se vend bien. Celle que recherche Pascal Pinaud est d’une autre nature, plus conceptuelle: c’est une Idée de la peinture, noble et difficile à trouver, qui ne correspond pas à la passion moderniste pour la surface colorée. Elle s’identifie avec ce qu’elle n’est pas, elle se déguise sous des costumes qui changent sans cesse, et Pascal Pinaud Pinaud la traque là où on ne l’attend pas: chez un carrossier, dans la boutique d’un vendeur de tapis, au supermarché ou simplement dans la rue. Pour être dans sa meilleure forme, la peinture a besoin, comme les rois des contes, de sortir travestie et de se confronter au peuple.

C’est ce que montre cet ouvrage, à la fois monographie et catalogue raisonné. À travers un parcours théorique et historique particulièrement attentif aux œuvres mêmes, Thomas Golsenne décrit puissamment le travail de Pascal Pinaud illustré par une riche iconographie.

Artiste exigeant, Pascal Pinaud assume un engagement tout autant esthétique qu’éthique et politique. Il appartient à une génération qui ne veut plus s’excuser de faire «seulement» de la peinture, et qui sent en même temps le besoin de faire des tableaux «autrement». Ce qui est une façon d’obliger le regardeur à trouver d’autres catégories pour le comprendre et l’apprécier à sa juste valeur, et pour identifier sa logique de serial painter.

«C’est ainsi que la série fonctionne chez Pinaud: plus elle se développe, plus elle s’approfondit, plus son sens se précise, plus elle se fait inventive.

Qu’est-ce qu’une série? Autrefois, en musique, on parlait de suite; on indiquait par là un ensemble cohérent formé par la succession d’éléments distincts. Suite française de Bach. Dans les deux cas, suite ou série impliquent un ensemble qui se déroule dans le temps. Mais si la suite supposait un enchaînement, point après point, unité après unité, morceau après morceau, ce n’est pas le cas de la série. Le seul ordre qui régit la série est chronologique, il n’est pas narratif ou causal. La suite rejoint le feuilleton; la série relève de la simple succession.

La suite est mathématique et logique; les artistes contemporains connaissent bien la suite de Fibonacci, rendue célèbre par Mario Merz: 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8… La série est paradoxale. D’une part, elle est régressive: nous l’avons vu, son sens se donne dans l’après-coup. D’autre part, chaque série en comprend en faut au moins deux. Ces deux séries sont dissymétriques, elles introduisent un décalage qui produit l’apparition de différences, de variations dans l’ensemble sériel. Ce qui lie les deux séries, c’est “un objet virtuel” toujours en déplacement, toujours en déguisement.» Thomas Golsenne