ART | EXPO

Partir d’un point et aller le plus loin possible

30 Mar - 11 Mai 2013
Vernissage le 30 Mar 2013

L’art de Clément Bagot ne se décrit pas, il s’approche. Il s’agit d’une vision totalement tournée vers l’intérieur, et de géographies imaginaires s’apparentant aux circonvolutions du cerveau, aussi bien qu’à celles du cosmos. Par là, la cartographie de l’artiste tient de l’infiniment petit comme de l’infiniment grand.

Clément Bagot
Partir d’un point et aller le plus loin possible

Infimes et inexorables, précis et profus, ainsi s’édifient, un à un, les innombrables tracés qui formeront le dessin. L’art de Clément Bagot ne se décrit pas, il s’approche. Il s’agit là d’une vision totalement tournée vers l’intérieur: géographies imaginaires s’apparentant aux circonvolutions du cerveau aussi bien qu’à celles du cosmos, la cartographie de l’artiste tient de l’infiniment petit comme de l’infiniment grand — finalités similaires à l’échelle de la perception.

En s’approchant, l’œil effectue peu à peu une mise au point tel un appareil d’optique. L’esprit s’émerveille de découvrir des mondes imbriqués les uns dans les autres, d’indénombrables motifs escheriens construisant autant d’univers complexes et rigoureux, impossibles à embrasser dans leur ensemble.

L’art de Clément Bagot est une immense asymptote. Croyant saisir un champ l’œil est happé par un intervalle, des trajectoires interrompues s’entrelacent aux interstices de leurs propres ombres, çà et là des arbres minuscules semblent promettre un motif concret, immédiatement chaviré par des échafaudages surréalistes de structures sans début ni fin.

Clément Bagot propose une majorité d’œuvres graphiques. Vingt-sept dessins, dont trois de très grand format, et trois sculptures. L’artiste revient d’une résidence de trois mois à Pékin: outre le vocabulaire microcosmique déjà évoqué, plusieurs pièces, dont la trame est incroyablement fine, précise et minutieuse, suggèrent un écho lointain de la peinture chinoise ancienne; on songe aussi aux panneaux de laque qui ornent certains meubles fastueux. D’autres dessins sont tissés de telle manière que l’artiste parvient à restituer l’impression produite par certains vêtements de cour — impression renforcée par l’utilisation de papiers dont la diaprure rappelle celle des étoffes d’apparat.

Une autre nouveauté est la présence dans l’exposition de deux grands dessins que l’artiste appelle Dessins réticulaires: le reticulum renvoyant à la notion de réseau fibreux arachnéen et inextricable. Le support de l’un consiste en l’assemblage de centaines de feuilles de papiers à cigarettes ajustés et collés les uns aux autres. Ici, les traits à l’encre fabriquent des lacis que l’œil a du mal à différencier tant ils s’imbriquent les uns dans les autres, dessus dessous, à l’image de planches anatomiques complexes. Il est probable que le troisième dessin, combinaisons d’architectures et de lignes savamment entrelacées où la végétation côtoie le minéral, témoigne de l’impression physique que Clément Bagot a éprouvée lors de ce séjour: perception du gigantisme tentaculaire et proliférant des architectures pékinoises.

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