ART | EXPO

Paris, Galerie Eric Dupont, Clément Bagot, Entrée en matière

24 Avr - 05 Juin 2010
Vernissage le 24 Avr 2010

Clément Bagot définit volontiers ses oeuvres (qu’il s’agisse des volumes ou des dessins) comme des «paysages mentaux». Ses dessins apparaissent comme une cartographie cellulaire, dense, dotée de stratifications et librement rythmée à la manière d’un set de jazz.

Clément Bagot
Entrée en matière

Clément Bagot ou la transparence des mondes
Clément Bagot définit volontiers ses oeuvres (qu’il s’agisse des volumes ou des dessins) comme des «paysages mentaux». Ses dessins apparaissent comme une cartographie cellulaire, dense, dotée de stratifications et librement rythmée à la manière d’un set de jazz.

Ses sculptures — constructions de tailles variées évoquant des vaisseaux spatiaux, des villes de science-fiction ou des arches revenues du futur — se bâtissent sur le mode de la prolifération modulaire.

Partant de quelques éléments architecturaux qu’il commence par assembler entre eux (éléments souvent réalisés avant même de savoir comment ils seront intégrés à l’oeuvre), l’artiste construit ses maquettes de proche en proche, au gré des propositions de son imagination. Ainsi de fins piliers surmontés par une plate-forme seront prolongés par des échelles et des cloisons délicates définissant autant de cellules. Ailleurs une forme ressemblant à un radar, posée sur un polyèdre, appellera une démultiplication d’antennes et de récepteurs. Plus loin, une structure faite d’arceaux comparables à une colonne vertébrale stylisée se développe sur le mode de la courbe et de la contre-courbe.

En réalité, aucun des éléments utilisés n’est réellement identifiable. Tout se passe dans la suggestion de formes, et la perception du spectateur évolue en fonction des références qui l’habitent. On verra dans les maquettes un monde à la Schuiten et Peeters ou bien une arche de Noé du futur, un engin aérien sorti de Star Wars ou encore un monde souterrain construit par des bâtisseurs lilliputiens. Pour réaliser ses sculptures, l’artiste détourne de leur usage premier toutes sortes d’éléments.

Dans son atelier on remarque les cartons qui recèlent les mystérieuses réserves de ses matériaux. Sur sa table de travail, scalpels et spatules de quelques millimètres de large rappellent la précision extrême du travail. Mais on sait aussi que l’artiste — à la fois maître d’oeuvre, maître d’ouvrage et ouvrier — fait appel à des techniques plus lourdes (menuiserie, électricité, thermoformage).

On pourrait être tenté d’extrapoler le propos de l’artiste et de le tirer vers les recherches sociales ou utopistes menées par une certaine architecture actuelle. Une observation minutieuse arrête très vite une telle tentation. L’univers de Clément Bagot est en effet inhabitable, chaque oeuvre (qualifiée de maquette à défaut d’une dénomination plus juste) ne pouvant exister qu’à l’échelle à laquelle elle a été réalisée. Chacune est un monde clos, un univers possible qui a fragilement pris corps. Seul le rêve du spectateur est assez plastique pour y pénétrer, grimper le long des piliers, se faufiler d’une plate-forme à l’autre.

Fait de formes aériennes et se déployant dans un jeu de transparences, l’univers de Clément Bagot se tient sur une ligne délicate, au-delà du fantasme désincarné et tout près de l’avènement réel d’un ailleurs.

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