ART | EXPO

Paris, Galerie Chez Valentin, Aloïs Godinat

04 Sep - 09 Oct 2010
Vernissage le 04 Sep 2010

Aloïs Godinat pratique avec élégance et subversion l’art de la bascule; élaborant des compositions aux allures élémentaires qui oscillent entre esthétisme et conceptualisme.

Communiqué de presse
Aloïs Godinat
Aloïs Godinat

Aloïs Godinat, jeune artiste suisse né à Lausanne en 1978, pratique avec élégance et subversion l’art de la bascule; élaborant des compositions aux allures élémentaires qui oscillent entre esthétisme et conceptualisme. Des expériences de la forme des minimalistes à celles de l’action développées par John Cage ou les courants appropriationnistes des années 80, Aloïs Godinat puise dans un répertoire formel et conceptuel avec une ingéniosité qui lui épargne les écueils de la tautologie.

Chez cet artiste, dont l’aspect finement maîtrisé des installations frappe à première vue, la répétition fait partie intégrante du processus de création. Chaque œuvre procède d’une tentative de réappropriation d’un «déjà-là», objets ou fragments d’objets tirés d’un vaste instrumentarium dont il répète la forme originale, tout en la re-produisant. 


«Je fabrique ces objets en utilisant la suggestion de leur abstraction implicite» explique-t-il. Il ne s’agit pas pour lui d’exercer un rapport de force au détriment de l’objet, mais d’attester d’un passage; la posture de l’artiste se définissant avant tout par l’économie et le retrait. Aussi, Aloïs Godinat ne cherche pas à «dompter» la matière, mais à comprendre et à exacerber tout l’envers méconnu de ses potentialités expressives. L’abstrait enjoint à la forme de se manifester, repoussant la clôture du sens au profit de l’expression d’une rythmique formelle détachée de toute exigence figurative. 


Chez cet artiste, l’intérêt porté à l’abstraction n’est pas le produit d’une pure recherche théorique mais bien plus le résultat d’une prise de position dynamique. Le geste du créateur, médiateur modeste mais non moins méticuleux, jouit d’une certaine lisibilité, ne se laissant pourtant saisir que sous forme indicielle, présent mais jamais pour autant triomphal. 


Le geste du spectateur est lui aussi implicitement stimulé, comme c’est le cas pour le «grattoir à dos» ou la séries d’affiches enroulées; le grattoir comme tout outil implique une action en vue de son utilisation et les affiches quant à elles suggèrent l’action d’ouverture qui viendrait rendre visible leur contenu. Mais l’ambigüité demeure puisque les objets d’Aloïs Godinat semblent tenir dans un équilibre précieusement calculé qui rend toute possibilité d’activation fonctionnelle caduque. 


Ainsi, si l’action du spectateur est simultanément appelée et refusée, celle de l’artiste, effective, peut être comprise comme un hommage à l’objet auquel elle restitue un nouveau pouvoir évocateur, autrement dit une fonction poétique insoupçonnée. Rendus obsolètes par leur caractère anachronique ou strictement instrumental, les objets qu’affectionnent l’artiste se trouvent tout à coup dégagés de leur subordination à un usage pour être projetés dans une prolifique indétermination. 


Ainsi, le travail d’Aloïs Godinat ne repose pas à proprement parler sur la performance en tant que genre, mais sur une dualité subtile entre une forme et l’action qui va venir la travailler, un jeu d’équilibriste ou d’archéologue qui mesure les écarts de manière à ce qu’à chaque regard l’objet puisse se réinventer et prolonger ainsi son histoire.

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