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Paris

Pour la nouvelle collection de Travel book de Louis Vuitton, l’artiste congolais Chéri Samba signe, à travers ses aventures et mésaventures, un récit coloré et réjouissant de Paris et des parisiens.

Information

Présentation
Chéri Samba
Paris

La collection «Travel Book» éditée par Louis Vuitton invite au voyage, qu’il soit mobile ou immobile, nourri du plaisir de l’évasion intellectuelle ou émotionnelle. Au fil des pages, les œuvres d’artistes de renom et de jeunes talents racontent les villes et les pays parcourus, leurs chemins escarpés et leurs architectures rectilignes, les lumières, les jours et les vies qui s’y déploient. Les «Travel Books» proposent une nouvelle vision du départ.

Chéri Samba, de son vrai nom Samba wa Mbimba Nzinga, est né au Congo en 1956. Il découvre le dessin très jeune, en jouant avec des bâtons dans le sable, puis en griffonnant ses cahiers d’écolier. Sa vocation est née. Sa maîtrise du trait lui vaut rapidement la reconnaissance de son entourage, pour qui il imite des bandes dessinées humoristiques, ou imagine l’emblème de l’équipe de football locale. Rêvant d’ailleurs et d’autres destins, il s’enfuit à Kinshasa en 1972, où il gagne sa vie en réalisant des peintures d’enseignes publicitaires.

Il assiste les maîtres des rues d’alors, ceux des ateliers Apuza, Lomabaku et Mbuta Masunda, qui lui apprennent la peinture en lettres ou la reproduction d’illustrations en grand format. Tout en couvrant les murs de ses réclames figuratives, il réalise des bandes dessinées pour sa propre revue, Bilenge Info, et les transpose progressivement sur la toile. Cette migration du support donne naissance à ses premières peintures «à bulles». En 1975, il vole enfin de ses propres ailes et ouvre son atelier à Kinshasa, sur l’avenue Kasa Vubu. Son travail s’imprègne des faits de société qui l’entourent, à l’image du tableau La Femme zaïroise n’a pas droit au pantalon (1981), ce qui suscitera l’intérêt, dès 1982, du magazine français Actuel pour qui il dessinera sa vision personnelle de Paris à travers plusieurs illustrations, dont la piquante Assedic Anpe.

Au-delà des scènes de mœurs, Chéri Samba évoque les questions universelles que sont la maladie, les inégalités, le pouvoir, la corruption, la jalousie, la sexualité ou l’actualité internationale. À ses débuts, ne disposant pas d’espace d’exposition suffisamment vaste, il choisit de présenter son travail sur les façades de son atelier. L’initiative est à l’origine d’embouteillages mémorables dans les rues de Kinshasa, mais aussi de réactions hostiles de la part des autorités, qui se sentent visées par ses satires illustrées.

C’est à partir de cet instant, à la fin des années 1980, que l’artiste décide de se représenter aussi dans ses mises en scène, à la manière d’un commentateur personnifié. Chéri Samba exploite toujours la même palette, vive, riche et contrastée, n’hésitant pas à adoucir la dureté du propos en l’ornant de paillettes. La forme se veut séduisante, quel que soit le fond. L’art oublie ainsi son naturel hermétique, et se laisse librement appréhender. Ces peintures jouissent d’une grande popularité locale, et Chéri Samba est aujourd’hui devenu un emblème de Kinshasa, où il vit et travaille toujours.

Au-delà de ses interventions urbaines, Chéri Samba présente fréquemment son travail dans le monde, grâce au fidèle soutien du commissaire d’exposition André Magnin. L’exposition collective «Magiciens de la Terre» (1989), au Centre Pompidou et à la Grande Halle de la Villette, a ainsi ouvert les yeux de l’Europe sur sa «peinture populaire» tel qu’il la désigne lui‑même. Elle sera suivie par de nombreux autres projets, dont certains aux côtés de Jean Pigozzi, de la Fondation Cartier ou du musée Guggenheim. Chéri Samba est devenu, au fil du temps, un acteur incontournable de la scène artistique contemporaine.