PHOTO

Parallels

Dans Winter Parallels, plusieurs situations quotidiennes contemporaines s’intercalent : la caméra s’insinue avec discrétion dans une salle de cours de collège, un chenil, le lieu d’un accident de voitures. Dans chaque scène, l’artiste lituanien semble s’intéresser à un personnage en particulier, sans pour autant en faire un héros : le professeur de biologie, le gardien du chenil, le conducteur de la dépanneuse. Pour autant, son regard glisse souvent vers des personnages secondaires moins actifs, comme s’il était à l’affût d’une expression du visage, d’un geste infime porteur de sens.

 

Sans artifice, sans mise en scène ni recherche esthétique, la vidéo ressemble à un documentaire. Ginteras Makerevicius invite les spectateurs à faire appel à des images vues antérieurement et à leur connaissance plus ou moins approfondie de la vie actuelle en Europe de l’est, comme pour combler les lacunes laissées par l’absence de commentaires et de contextualisation.

 

L’exercice d’un travail difficile rapproche les personnages, et l’interrogation de leur choix est au centre de la recherche de l’artiste. Mais les protagonistes n’ont pas de lien direct et les scènes s’enchaînent sans transition, mettant en évidence le montage comme collage.

 

Seconde forme de collage, Testament of Siberia superpose le témoignage d’un homme déporté en Sibérie superposé aux images d’une vidéo de famille, d’un amateur inconnu, réalisée dans les années 1960, vingt ans avant la déportation.

Les sourires des personnages détonnent ici avec la dureté des faits racontés par la voix masculine (mauvais traitements, restrictions alimentaires, attaques de loup).

 

Ginteras Makerevicius donne au son et à l’image de la vidéo une autonomie que leur mise en présence ne parvient pas à supprimer.

 

 

Gintaras Makerevicius

— Winter Parallels, 2007. Super-8 transférée sur vidéo. 14 min

— Testament of Siberia, 2008. Vidéo HD. 54 min