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Papiers libres n° 52. Animal

Le numéro de printemps de la petite revue d’art contemporain Papiers libres est consacré au thème de l’animal dans l’art, avec une série de courts essais.

Information

  • @Avril, mai, juin 2008
  • 2—
  • \3,30 €€
  • E56
  • Zoui
  • 4Français
  • }10,5 L - 15 H

Présentation
Directeur de la publication : Roger Bouvet
Papiers libres n° 52. Animal

Extrait de «L’animal et l’homme» par Lise Ott

«Dans Historias minimas (2003) du cinéaste argentin Carlos Sorin, Don Justo est le protagoniste cocasse et sentimental d’un road movie conçu comme une série romantico-réaliste. Taciturne et malicieux, infantilisé et dépendant, le vieil homme remâche dans sa solitude les regrets d’une vie passée où il conduisait encore, avant l’accident dont il a fui les responsabilités, après avoir renversé un anonyme passant. Pire : son chien Ronchon ne l’a-t-il pas abandonné parce que, vraiment, «ça ne lui a pas plu» ? Dès que l’occasion se présente, voilà le vieil homme parti à la recherche de l’animal, sur les traces d’une illusion de rédemption plus vitale que sa vie même.

Devant l’entrée du musée Gugenheim à Bilbao, Puppy (1992), de l’artiste américain Jeff Koons, élève sa stature de West Highland terrier de douze mètres de haut pour veiller sur une ville dont il est devenu l’icône, sous un manteau de 40 000 fleurs naturelles renouvelées deux fois par an. Symbole d’une culture de masse dont on a démocratisé l’idéal sous les traits d’un cerbère transfiguré par les aspirations pacifiques de quelque Flower Power universel, il est la mascotte infantile et illusoire d’une harmonie enfin réalisée entre l’art et la vie… et la mort — renouvelant ainsi l’une des injonctions les plus fébriles et essentielles de la modernité selon Fluxus. […]

Dans le chapitre 16 de son essai paru en 2002, L’Ouvert. De l’homme et de l’animal, Giorgio Agamben produit une réflexion assez tonitruante, qui a guidé la mienne pour la présente livraison de Papiers Libres. Selon lui, « l’humanisation intégrale de l’animal coïncide avec une animalisation intégrale de l’homme ». Inscrit délibérément dans le cadre de la fin de l’Histoire, au sens où, dit-il, « il n’y a plus aujourd’hui de tâches historiques assumables, voire seulement assignables », Agamben cite le moment même des « grandes expériences totalitaires du XXe siècle », comme signe « porteur de signification quant au processus signifié plus haut, s’opposant ainsi à la pensée dominante sur les totalitarismes. Ce sont eux qui, responsables d’un mouvement où « l’humanité [est] redevenue animale », ont donné le ton à la suprématie de l’ordre économique sur toutes les actions relevant de l’humanisation, tout en promouvant « l’assomption de la vie biologique elle-même comme tâche politique (ou plutôt) impolitique suprême ». Le philosophe italien a le bon goût de préciser que ce moment se distingue comme « une aporie », dont il sous-entend le dépassement possible.»

Pour se procurer la revue, s’adresser à l’Association Papiers Libres en cliquant ici.