ART | CRITIQUE

Panamarenko

PGéraldine Selin
@12 Jan 2008

Entre artiste, artisan et inventeur de machines, entre fiction et réalité, Panamarenko fabrique des aérostats hybrides supposés volants, tenant tour à tour de la voiture, du ballon, de l’oiseau, ou même de la citrouille. En tous cas, des constructions merveilleuses à rêver.

La Galerie de France organise la deuxième exposition personnelle de cet artiste à Paris depuis celle de la fondation Cartier en 1998 («La Grande exposition des soucoupes volantes»). Deux objets au sein de l’espace, deux maquettes, et quelques dessins. C’est Panamarenko qui intervient, dans une région où l’artiste côtoie l’inventeur de machines. Petites ou grandes, les machines, en relation avec ce qu’on connaît, mais qui font de ce que l’on sait autre chose.

Depuis plus de trente ans, Panamarenko fait ses mécaniques. Les dernières en date : une voiture et un ballon. Du haut de son titre, Thermo Photovoltaic Energy Convertor, un véhicule aérodynamique qui ressemble à une voiture de course. Mais la carrosserie est en bois, il y a une coupole en plexiglas et un tissu en mousse pour faire le siège et un petit interrupteur pour faire démarrer l’engin. Parce que ça marche avec des panneaux solaires (deux) qui sont activés par quatre lampes à gaz, dans le coffre. Approximativement, ce petit bolide, cette belle machine, doit pouvoir rouler «dix heures sans arrêt avec la puissance d’Eddy Merckx» ! (dixit le constructeur Panamarenko). L’autre objet porte le nom d’un perroquet : Papaver. Il s’agit selon l’artiste d’un «modèle d’étude» pour le Papaver de dix mètres de long qui prendra place à l’exposition d’Anvers.

Suspendu à un fil, à plusieurs mètres au-dessus du sol, Model Papaver a quelque chose du ballon mais aussi de la citrouille. Ce doit être à cause des lobes longitudinaux (qui d’ailleurs ont une fonction, celle d’augmenter la stabilité et de renforcer la résistance aérodynamique). C’est une machine d’une grande légèreté, une surface en papier boudinée, pleine de coton.
Il paraît que c’est un dirigeable expérimental avec traction à pédales. Il y a en effet une hélice située à l’arrière de l’engin. On pourrait dire qu’on peut, quand on est dans la cabine, diriger l’hélice par deux cordages. On dirait qu’on va pédaler dans la cabine. Et l’encre dans la cabine, on dira que c’est pour les pédales, pour qu’elles puissent tourner.
Finalement, Model Papaver peut être une citrouille volante, un perroquet tout blanc et sans ailes, un cocon dans les airs. Panamarenko construit des machines, mais ce sont des engins pour conduire qui ne nous conduisent pas, des engins pour voler qui ne nous transportent pas dans les hauteurs, ce sont des engins pour conduire et voler une puissance de vie. Panamarenko montre que l’art ne peut être réduit à une fiction qu’on opposerait à la réalité. L’artiste construit sa vérité comme une relation entre fiction et réalité.

Panamarenko
— Thermo Photovoltaic Energy Convertor, 2001. Bois peint, plexiglas, moteur électrique et accus, 4 lampes à gaz, cellules solaires. Haut. 82 cm x long. 300 cm x larg. 160 cm.
— Model Papaver, 2002. Plastique, tape, bois, fer. Diam. 100 cm.
— Sans titre (dessins préparatoires à Model Papaver), 2001. Mine de plomb sur papier. 50 x 40 cm.

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