ART | CRITIQUE

Panamarenko

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@13 Déc 2009

Panamarenko est un artiste, un inventeur, un scientifique, un ingénieur, un génie, un fou, un bricoleur, un visionnaire... Le Frac lui consacre une rétrospective d'envergure à la puissance quatre, dans quatre lieu de Dunkerque, Gravelines et Grande-Synthe.

Depuis 1967 Panamarenko met au point des engins hybrides, submersibles, flottants ou encore volants qu’il rêve, pense, dessine, construit et teste lui-même. Retiré du monde de l’art depuis 2006, il laisse une Å“uvre surprenante, d’une grande puissance onirique.

Comme l’imposant Scotch Gambit, un aéroglisseur de 3,5 tonnes, 16 mètres de long et 3 mètres de haut, échoué sur la place de la Mairie de Dunkerque. Géant d’aluminium impassible, il attise la curiosité des passants. Et pour cause, car si l’engin est fonctionnel, il ne ressemble à rien de connu, Panamarenko dit d’ailleurs de cet objet de science fiction qu’il ressemble à une jupe avec des grandes jambes.

Pour cette rétrospective, chacun des lieux présente et interroge un axe de la recherche de Panamarenko.

Le Musée portuaire de Dunkerque poursuit l’exploration des engins de mer. Entre les objets de la collection permanente se glissent des maquettes et esquisses insolites dans lesquelles Panamarenko s’est libéré des règles formelles de la science et de l’ingénierie.
Cette liberté, il l’exprime dans les formes souvent improbables de ses engins, formes inspirées du monde animal et végétal, mais aussi dans ses recherches préalables. Crayons de couleur et peinture argentée croisent les formules mathématiques, le dessin est fantaisiste. Souvent, d’ailleurs, la recherche technique est supplantée par la plasticité du dessin.

Le Musée du dessin et l’estampe originale de Gravelines a choisi pour sa part les recherches autour de l’homme volant. La sculpture Batopillo, l’une des dernières Å“uvres de Panamarenko, montre un homme doté d’un engin minimaliste pour voler, figé dans sa prise d’élan. Batopillo traduit l’obstination de l’artiste à vouloir constamment se libérer des lois de la gravité, mais aussi la valeur artistique et onirique de ces créations. La sculpture n’est pas une démonstration des possibilités de l’engin, mais bien une Å“uvre qui sert l’imagination. L’homme ne vole pas mais pourrait être sur le point de le faire.

Ici aussi sont présentés des maquettes, des études sur papier millimétré, bariolées de formules mathématiques complexes, et des dessins rehaussés de couleur et de peinture. Également quelques sérigraphies.

La galerie Robespierre de Grande-Synthe décrypte le processus artistique de Panamarenko en prenant pour exemple deux bolides autonomes Hinky Pinky Prova Car et la Thermo Photovoltaic Energy Convertor.
Le premier marche grâce à la pression de l’eau, le second, grâce à la conversion de la chaleur. L’exposition décompose les phases de créations techniques et artistiques de ces deux bolides — du dessin fantaisiste à la réalisation de la machine, en passant par l’étude et la maquette.

L’Å“uvre de Panamarenko oscille perpétuellement entre une recherche technique de pointe et une émancipation formelle totale. De la rencontre de ces univers né une formidable poétique de la mécanique.

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