ART | CRITIQUE

Pale Fire

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Photographies et vidéo : les travaux d’Aurélien Froment, Marie Legros, Rut Blees Luxembourg et Pascal Poulain ont trait à l’urbain, l’architecture, l’habitat, ou le corps.

Bénéficiaires d’une résidence à Molly Sabata, en Isère, à l’invitation de la Fondation Albert Gleizes, et sur proposition de Régis Durand, les quatre artistes de cette exposition de groupe œuvrent autour de problématiques différentes. Mais, au moins théoriquement, sont-elles articulables, voire complémentaires, puisque toutes ont trait à l’urbain, l’architecture, l’habitat, ou le corps, pris dans ces constructions sociales.
Pourtant, si le tapis rouge se déroule dans un tohu-bohu infernal et sans fin, le spectacle offert n’est peut-être pas à la hauteur de ces potentialités.

Marie Legros, dans la salle de projection du rez-de-chaussée, propose sa vision des Hommes puissants. Réduits aux attributs — costume, cravate, bloc-note — des cadres en réunion, par une caméra frappée de myopie, ils dérogent à leurs fonctions de façon inattendue. En effet, au lieu de prendre la parole comme il conviendrait, chacun à son tour entonne une comptine enfantine. Un renversement troublant, et réjouissant, comme on en retrouvera dans la petite anthologie des vidéos de l’artiste, programmée chaque jour.

Le sous-sol est aride. Deux photographies de Pascal Poulain s’y présentent comme des prélèvements sur la complexité urbaine de métropoles anonymes. Plus loin deux grands puzzles au sol, gris aluminium sur plastique blanc, reconstituent les plans de masse d’une automobile et d’un camion, à l’échelle 1, recadrés par les murs de la salle d’exposition, ce qui en suggère le débordement sur un hors champ imaginaire.

Celui entrouvert par les images baroques de Rut Blees Luxemburg peut-être, dont les cadrages tranchants déclenchent une alchimie qui transmute, dans la nuit des villes, terre malaxée, et bitume humide, en substances mordorées, précieuses et inquiétantes.

Au deuxième sous-sol, trois vidéos d’Aurélien Froment nous confrontent à trois moments de l’utopie urbaine. Celui du projet, quand la parole essaie de transmettre la vision d’une ville idéale à venir. Celui de la construction, comme jeu et aventure collective. Celui, enfin, de la ruine, entraperçue, et magnifiée, dans les flashs d’un orage tropical.

Un ensemble de pièces qui ne manquent pas d’intérêt, mais dont le déploiement chagrin empêche peut-être le mélange de prendre.

Aurélien Froment
— Debuilding, 2003. Vidéo, 6’.
— Marco Felici, 2003. Vidéo, 10’.
— La fondation, 2003. Vidéo, 3’.

Marie Legros
— Les Hommes puissants, 1999-2003. Projection vidéo 16/9, 5’40.
— Projection, 2001. Vidéo, 4’.
— Stück, 1992. Vidéo, 20’.
— I don’t Grew up, 1994. Vidéo, 1’.
— Sur place, 1996. Vidéo, 3’50.
— Marcher sur les choses, 1997. Vidéo HI 8, couleur, sonore, 6’50.
— Ciel + lait, 1999. Vidéo, 1’50.
— Boudin, 1998. Vidéo, 2’.
— Vaseline, 2003. Vidéo, 5’.

Rut Blees Luxembourg
— The Dandy, 2000. Photo couleur.
— Wound, 2001. Photo couleur.
— Science Fiction, 2002. Photo couleur.
— Veins, 2000. Photo couleur.
— Pale Fire ,2002. Photo couleur.

Pascal Poulain
— Plateforme 3, 2002. Photo couleur.
— Parenthèse, 2003. Photo couleur.
— Reflechissant Cars, 2003.
— Panoramique, 2002. Photo couleur contre-collée sur dibon. 110 x 440 cm.

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