ART | CRITIQUE

Paintings

PAlexandrine Dhainaut
@19 Sep 2008

La première exposition en France du peintre américain Richard Allen Morris à la Galerie des Filles du Calvaire tombe un peu à plat. L’ensemble des oeuvres, un brin disparate, apparaît plutôt empâté et décousu.

Richard Allen Morris est un peintre qui prend son temps, « un modèle d’enthousiasme et de ténacité » selon John Baldessari. A 75 ans, il a toujours exercé son art en quasi autarcie, refusant les chapelles, et ses expositions sont peu nombreuses. Le temps est d’ailleurs constitutif de son travail. Les toiles — uniquement abstraites ici — se font écho, et témoignent d’une œuvre faite de redites, d’obsession des mêmes thèmes, des mêmes techniques.

Le temps de création est d’autant plus visible dans la série des toiles au couteau telles que Crown Prince ou Samurai & Storm, que Richard Allen Morris travaille par strates, par accumulation de couches. Il oppose la platitude d’un fond neutre et lisse, à l’épaisseur d’une peinture travaillée au corps. Il invite à suivre les méandres du couteau sur les couleurs parfois crémeuses, souvent granuleuses. Elles forment les couches d’un temps sédimentaire dont on lirait aisément les étapes.

Le temps de l’œuvre est plus explicite dans la toile intitulée Double Time avec ses deux passages uniques de couteau. Tantôt les couleurs s’imbriquent et se superposent comme dans les toiles au pochoir, tantôt elles s’évitent comme dans Remisso Animo (1976) et Speak the Language (2004) : Richard Allen Morris y applique la peinture directement depuis le tube, laissant couler quelques lignes épaisses de couleurs.

Par la technique d’empâtement ou l’application de la peinture depuis le tube, Richard Allen Morris s’inscrit dans une pratique un peu désuète et l’ensemble des oeuvres renvoie l’image d’un éternel recommencement, d’une forme de surplace un peu ennuyeuse (vingt-huit ans séparent les deux oeuvres précitées, sans se distinguer l’une de l’autre). On peut également regretter l’absence d’une véritable ligne directrice de l’accrochage. Des oeuvres isolées, faites d’objets divers en forme de pistolet et de deux toiles au pochoir brisent finalement la cohérence d’ensemble de cette exposition.

Publications
Richard Allen Morris, Rétrospective 1958-2004, Kerber Verlag, 2004.

Richard Allen Morris
— Double Time, 1986. Acrylique et patch paint sur toile. 25,5 x 20 cm.
— Samurai & Storm, 1975. Acrylique sur toile. 30,5 x 23 cm.
— Plus, 2005. Acrylique sur toile. 30,5 x 23 cm.
— Parched, 1961. Huile sur toile. 56 x 61 cm.
— A New, 2005. Acrylique sur toile. 30,5 x 23 cm.
— Spin, 1967. Huile et émail sur papier et toile. 85 x 75 cm.
— Blue Devil, 2006. Acrylique sur bois. 39 x 30 cm.
— Remisso Animo, 1976. Acrylique sur toile. 61 x 91 cm.
— Time, 1962. Huile sur toile. 68,5 x 51 cm.
— Brew, 1986. Acrylique et patch paint sur toile. 25,5 x 20 cm.
— Crown Prince, 1977. Acrylique sur toile. 25 x 20 cm.
— White Matter, 1986. Acrylique sur toile. 25 x 20 cm.
— Trend, 1976. Acrylique sur toile. 20 x 25 cm.
— Blue Root, 1986. Acrylique et patch paint sur toile. 25,5 x 20 cm.
— For Mexico, 1992. Technique mixte assemblage. 63,5 x 107 cm.
— Serf, 1967. Huile et émail sur toile. 85 x 70 cm.
— Speak the Language, 2004. Acrylique sur toile. 25 x 20 cm.
— Roll, 1986. Acrylique et patch paint sur toile. 25,5 x 20 cm.
— Just like that, 1975. Acrylique sur toile. 30,5 x 23 cm.
— Buck Rogers, 1978. Acrylique sur toile. 20 x 25 cm.
— Sky Stir, 1975. Acrylique sur toile. 30,5 x 23 cm.

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