ART | CRITIQUE

Pablo Cots

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Les tableaux de Pablo Cots mélangent tous les symboles urbains du moment. Les logos, les panneaux, les flêchages dialoguent avec des signes urbains spontanés comme les tags et les graffitis. Ces paysages oscillent entre reportage et journal de bord, ce sont des ambiances autant réelles que fabriquées.

La galerie Alain Le Gaillard aime donner sa chance aux jeunes artistes. Depuis dix ans les expositions alternent entre jeunes pousses et talents confirmés. L’équilibre réside dans ce mélange. Il est agréable d’aller découvrir les artistes de demain.
Le galeriste a rencontré Pablo Cots sur les cimaises de l’École des beaux-arts, au bout de la rue. La double casquette de peintre et d’artiste graffiti l’a séduit. Le jeune diplômé, moins d’un an après ses félicitations, expose rue Mazarine, au cœur de Saint-Germain-des-Prés.

Le parcours de Pablo Cots est très intéressant car il se démarque des autres artistes urbains. Alors que ces derniers répètent en galerie ce qu’ils font dans la rue, sans toujours convaincre, lui réussit à proposer autre chose tout en restant lui-même. C’est assez rare pour être souligné.
Typographe, calligraphe, graffeur, graphiste sont les identités qu’il endosse successivement. Évoluant dans des milieux artistiques différents mais convergents, on peut le suivre dans les vitrines des Galeries Lafayette, sur les tee-shirts d’une marque de street-wear comme Eckö, ou dans une station de métro, qu’il y soit invité comme étudiant, ou qu’il y intervienne spontanément.

Grâce à ses connexions d’amis et de relations, il a déjà un joli éventail d’expositions et d’actions à son actif. Les lieux et les propositions sont variées. Pour aujourd’hui il a décidé de présenter des peintures et une installation.
Cette dernière est une petite cabane en bois, une autre vitrine, où il expose ses différentes collections. Elles sont constituées de jouets, de pancartes routières et d’objets chinés dans les bazars et les solderies à un euro.
Le reste des articles exposés est un inventaire à la Prévert. Des bougies indiennes en passant par des crayons de couleur, on trouve de tout comme à la Samaritaine. Ce cabinet de curiosités sera la dernière déclinaison de ce concept commencé quelques années plus tôt.

Sans plan précis pour le futur, Pablo Cots se réserve la possibilité de choisir la forme la mieux adaptée à son inspiration du moment. Son chemin le conduira sans doute à persévérer dans les peintures urbaines. Il aime peindre « très rapidement » à partir de photos prises lors de ses pérégrinations à travers le monde. Le cliché n’est qu’une aide, qu’un outil qu’il aime simplifier. Si un détail le gêne, il le supprime, et n’hésite pas à ajouter des éléments comme le tag des amis, petit private joke entre initiés.

Les paysages peints sont des zones de transit. A l’intérieur des compositions un jeu formel se forme entre les signes urbains légaux — enseignes, logos, panneaux — et les graffitis. Les premiers sont dessinés précisément et de façon soignée tandis que les deuxièmes s’invitent pour créer un peu de désordre, un peu de vie.
La méticulosité à rendre compte de la réalité des docks, des voies de chemins de fer, des panneaux publicitaires et des faubourgs, n’est là que pour permettre aux murs de s’exprimer. Le débat contradictoire s’annonce, la guerre des enseignes guette à l’intérieur des acryliques. Deux mondes s’opposent, deux logiques s’affrontent, mais Pablo Cots préfère le dialogue.
Les tags répondent à la main mise des panneaux de circulation, à l’hégémonie des logos, à l’invasion des panneaux publicitaires et à la colonisation des signes visuels.

Cette discussion dans l’image est possible grâce à la finesse de l’artiste. Sans slogans ni discours il pose tous ces éléments les uns en face des autres. Il transforme l’agressivité, la médiocrité et la banalité en reportage. Mais, au-delà du document, il nous livre sa vision de la cité. A mille lieux des clichés caricaturaux du rap, à l’opposé du conformisme Hip Hop, il se ballade en aquarelliste.
Puisant son inspiration dans le motif, il n’hésite pas à s’y confronter. De ses promenades en forme de dérive, il s’éloigne des attitudes criardes et des figures imposées par le graffiti, pour nous proposer sa petite musique en forme de fugue. Parvenir à rester fidèle à sa passion et réussir à faire œuvre est le tour de force qu’il parvient à réaliser pour sa première exposition personnelle. Félicitations.

Pablo Cots
Sans titre, 2004. Acrylique sur toile 100 x 81 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 73 x 100 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 100 x 81 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 73 x 100 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 92 x 73 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 65 x 92 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 65 x 92 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 92 x 73 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 92 x 73 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 73 x 100 cm.
Sans titre, 2005. Acrylique sur toile. 92 x 73 cm.

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