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Oxymoriques. Les photographies de Bettina Rheims

Michel Onfray analyse la nature des photographies de Bettina Rheims. Il développe la thèse d’un travail qui, plus que scandaleux ou sulfureux, expose des troubles et introduit de nouveaux modèles de représentation.

— Auteur : Michel Onfray
— Éditeur : Éditions Jannink, Paris
— Année : 2005
— Format : 28 X 15 cm
— Illustrations : couleur et noir et blanc
— Pages : 48
— Langue : français
— ISBN : 2-916067-03-5
— Prix : 14 €

Présentation
Oxymore, drôle de mot, drôle de son. On entend presque occismort ce qui, pour le coup, définit le pléonasme ou la redondance… Littré l’ignore. Étrange oubli, car la date de naissance du substantif — 1765 — rend possible sa présence dans la bible du vieux médecin positiviste. Cherchons, regardons dans son dictionnaire: rien. Oxiopie, oui, pour qualifier une vue plus perçante qu’habituellement, ou bien oxyophrénie pour une olfaction plus sensible qu’à l’ordinaire. Mais pas d’oxymore.

Singulièrement, les deux bornes entre lesquelles ce mot devrait logiquement apparaître ne sont pas totalement étrangères au travail de Bettina Rheims: si l’on glisse d’un sens l`autre, du nez à l’œil, de l’olfaction à la vision, les deux mots ci-dessus expriment assez bien ce qui définit le bon photographe: celui qui voit plus et mieux, plus loin, au-delà de l’organe du quidam.

Revenons donc à oxymore. Je formule cette hypothèse, et ce sera ma thèse: le travail de Bettina Rheims, toutes époques confondues, tous sujets ramassés, tous albums empilés, se résume assez bien sous l’augure faste de cette figure de style dont je vais préciser le contenu. Femmes fatales dans des hôtels glauques, Christ femelle ou black, nudités artificialisées, mammifères taxidermisés, Chinois postmodernes surannés, stars glamour en Vanités à leur corps défendant, cet univers se ramasse assez bien sous le principe oxymorique

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Jannink — Tous droits réservés)

L’auteur
Michel Onfray, né en 1959, a été professeur de philosophie démissionnaire en 2002 pour créer l’université populaire de Caen. Il est l’auteur de nombreux livres dans lesquels il élabore une théorie hédoniste.