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Outre part

PTsama do Paço
@12 Jan 2008

Les six artistes de l’exposition Outre part déstructurent l’espace, brouillent les perceptions et créent une autre temporalité dans un ailleurs impalpable.

L’exposition Outre part est la proposition d’un autre monde où la logique a fait place à l’imaginaire. Dans tout l’espace du premier étage de La Générale, une espèce de vague sculptée sort du sol et traverse les murs. Créée par l’artiste Cédric Alby, cette oeuvre in situ intitulée Somnanbule redessine le parcours du visiteur qui l’enjambe, la contourne ou la suit.

Sur le fond gris et lisse des peintures à l’huile de Renaud Regnery, des silhouettes fines abstraites émergent, comme des figures suspendues au-dessus d’un trou noir. De cette profondeur opaque émanent des reflets lumineux qui donnent matière à ces tableaux.

L’installation Disparition/Apparition de Luc Arasse joue aussi sur la notion de profondeur car le visiteur est amené à ressentir physiquement l’attraction du vide. En effet, l’artiste a démonté le plancher d’une pièce de La Générale pour ne laisser que quelques lattes de parquet sur lesquelles on avance, contraint d’affronté le vide dangereux pour se rendre dans la salle suivante.

Là les sens sont également perturbés : une image de montagnes enneigées est apposée derrière une cloison vitrée. Alors que le regard s’attend à observer l’horizon d’une vue extérieure, il butte sur cette reproduction de paysage. Intitulée South Bound Saurez, cette impression en noir et blanc d’Emmanuel Geisser crée une profondeur feinte, un univers renvoyant aux rapports entre l’homme et la nature, mais aussi un questionnement sur la véracité de notre perception.

Le film d’Anina Brisolla, Porto Heli, semble être la vue nocturne d’une ville où les fenêtres éclairées de l’intérieur sont les seules preuves de présence humaine. Dans cette atmosphère légèrement inquiétante, des pattes géantes, comme celles d’un monstre, viennent se poser sur les trottoirs en détruisant l’architecture. Nous comprenons alors que ce n’est en réalité qu’une maquette au milieu de laquelle déambule un chien. L’artiste parvient à fausser l’interprétation en emmenant le spectateur dans un autre monde qui se joue des repères communs.

Au fond d’un couloir sombre flottent les formes blanchâtres de Cédric Alby. Elles évoquent des silhouettes surréalistes, à la fois humaines, végétales et minérales. Comme des âmes-fantômes, retenues au sol par un fil au bout duquel pèse une boule noire, ces Impraticables fascinent en laissant libre cours aux interprétations.

Les figures géométriques des peintures d’Anne Neukamp réinterrogent les notions de distances et de reliefs. Représentant des paysages terrestres avec de la végétation, les formes abstraites s’y superposent dans des tonalités ternes et mates.

Outre part est explicitement la proposition d’un autre monde, ailleurs, inacessible. En déambulant dans cet espace investi par les propositions plastiques, on est déstabilisé dans ses références et ressentis.

Anne Neukamp
— Stern, 2006. Huile et laque sur toile. 60 x 70cm.
— Königssee, 2007. Huile et laque sur toile. 130 x 180cm

Cédric Alby
— Somnambule, 2007. Sculpture in situ, polystyrène et plâtre. Environ 20 m linéaires, hauteur variable de 10 à 60 cm.
—Les Impraticables, 2006. Technique mixte. Environ 100 cm chacun.

Luc Arasse
— Disparition/apparition, 2007. Installation. Suppression du sol de la Galerie.

Renaud Regnery
— Figure (Alexander C. II), 2006. Huile sur toile. 170 x 150cm.
— Tableau Gris (Figure 8), 2006. Huile sur toile 170 x 150 cm.
— Tableau Gris (Figure 1), 2006. Huile sur toile, 170 x 150 cm.

Anina Brisolla
— Portoheli, 2006. Vidéo. 11:35 min.

Emanuel Geisser
— South Bound Saurez (b), 2007. C-Print. 372 x 128 cm.

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