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Les femmes qui pleurent sont en colère

24 Nov - 15 Jan 2022
Vernissage le 20 Nov 2021 à partir de 18:00

Et les inspiratrices, les modèles, les muses ? Ces femmes de l'ombre, celles qui ont fait les grands artistes, sont bien présentes dans les œuvres, mais elles y sont brouillées, objectifiées. Dans sa série de photographies hybridées « Les femmes qui pleurent sont en colère », ORLAN les remet à l'honneur, et en fait le véritable sujet des œuvres : en larmes ou en colère, ces femmes se mêlent au portrait de Dora Maar pour réinventer Picasso.

Le message est fort : Picasso, autre « hybrideur » de génie, qui déformait les corps et les visages pour en faire surgir le sens, s’est souvent inspiré des femmes dans ses Å“uvres. Sa Femme qui pleure est le portrait de Dora Maar, dont les traits brusques et colorés sont « comme l’art, fille de la douleur et de la tristesse ».

ORLAN, féministe

Tout le travail d’ORLAN s’articule autour du corps, particulièrement du corps de la femme, soumis aux pressions politiques, sociales, religieuses, familiales. Son Å“uvre la plus célèbre reste sans doute la performance, réalisée entre 1990 et 1993, qui a remodelé son corps par diverses opérations chirurgicales, et au cours de laquelle elle s’est par exemple fait implanter des rehausseurs de pommettes au niveau des tempes. Par la suite, elle a utilisé la biogénétique pour se réapproprier son corps, et y mêler l’art et la vie.

La photographie lui a aussi souvent permis d’interroger le déterminisme des genres, à travers toutes les cultures. Dès les années 90, elle utilise la « chirurgie des images » comme la chirurgie du corps, pour élargir son éventail des possibles, explorer de nouvelles identités, en perpétuelle mutation.

«Notre corps nous appartient»

La série «Les femmes qui pleurent sont en colère», composée de « photographies hybridées », n’est donc pas sa première incursion dans la photographie féministe, loin de là. Dans les années 60 déjà, elle s’était photographiée en Nu descendant l’escalier, en Naissance de Vénus, en Maja desnuda, en Grande Odalisque, ou encore en Sainte-Thérèse en extase. Mais au-delà de l’artiste, les Å“uvres ont en elles-mêmes une personnalité forte. Les portraits découpés, remodelés, maquillés, re-dessinés des «Femmes qui pleurent sont en colère» évoquent bien sûr ORLAN et ses opérations-performances chocs, mais aussi, plus largement, toutes les muses oubliées, les inspiratrices réifiées, qui disparaissent dans un monde de l’art masculin — qu’ORLAN maîtrise parfaitement, et n’hésite pas à se ré-approprier, au travers de ses détournements d’icônes.

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