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Oracle & The man with the bag

16 Mai - 14 Juin 2008
Vernissage le 16 Mai 2008

Réalisés généralement avec une grande économie de moyens, les films de Sebastián Diaz Morales tiennent pour certains du registre du documentaire social fictionnalisé, pour d’autres de l’essai cinématographique à contenu poético-politique, mais il ne fait aucun que l’artiste exploite la plasticité des images et la relation entre image et son.

Communiqué de presse
Sebastián Diaz Morales
Oracle & The man with the bag

Sebastián Diaz Morales est né en 1975 à Comodoro Rivadaria, en Patagonie, une terre aride battue par les vents où il revient régulièrement tourner des images. A partir d’Amsterdam, où il décide de s’établir en 2000, il sillonne le monde, adaptant son mode d’écriture cinématographique à chaque nouveau contexte.

Réalisés généralement avec une grande économie de moyens, ses films tiennent pour certains du registre du documentaire social fictionnalisé, pour d’autres de l’essai cinématographique à contenu poético-politique. Il porte une attention constante à la plasticité des images et à la relation entre image et son. Des dispositifs sculpturaux participent également de bon nombre de ses récentes installations. Par delà les esthétiques différenciées de ses œuvres, une écriture personnelle s’en dégage, basée sur la création «d’atmosphères aussi intenses qu’étranges, qui pénètrent durablement l’imaginaire du spectateur».
                
Contrairement à d’autres films tels qu’ »Oracle » (2007) qui se construisent au montage, le scénario de « The man with the bag » a été écrit à l’avance plan par plan. Tourné sur les hauts plateaux de Patagonie, il est découpé en six épisodes. Le vent souffle. Sans discontinuer. Arpentant ces vastes étendues arides et minérales, un homme court, vêtu d’un imperméable et d’un chapeau noir; comme s’il était traqué… Pourtant, en dépit des aboiements de chiens, l’agent invisible qui le poursuit reste jusqu’au bout inconnu, comme si c’était à ses propres peurs qu’il cherchait à échapper… Trébuchant régulièrement sur le même obstacle, une pierre, il ne cesse de croiser de nouvelles limitations, s’accrochant ici à un fil barbelé, là aux planches d’une voie ferrée.
 
Sans avoir recours à une quelconque trame narrative, le questionnement existentiel qui sous-tend ce film est intuitivement appréhendable. La présence de cet homme est un élément d¹identification très fort, par lequel le spectateur s’introduit dans l’image. Incarné par l’artiste Greg Smith – sorte de Buster Keaton contemporain – ce personnage imprime à tout le paysage une résonance particulière. Qui est encore amplifiée par la rythmique impulsée par la musique et par le fait que l’image est dédoublée. Aux deux pianos soutenant le rythme de ses pas, répondent en effet les deux caméras enregistrant sa fuite. Il lui arrive de disparaître dans cette césure entre les deux images… Et nous-mêmes, en tant que spectateur, sommes tour à tour, ou conjointement, celui qui poursuit et celui qui est poursuivi…
 
Le montage de « The man with the bag » joue sur une fausse progression linéaire. Dans « Oracle » (2007), le montage est quant à lui basé sur des ruptures de rythme et sur des images différenciées. A l’instar du futur qui, « comme les pas d¹un géant, arrive abruptement, avec des intermittences. Entre chaque fracas, nous restons dans le vide » (Sebastián Diaz Morales, texte liminaire de la présente exposition). Pourtant, par delà ces collisions, des répétitions et associations d’images créent rapidement un champ tourbillonnaire. Un homme de dos derrière une jetée face à la mer, des fumerolles de pétards, des nuées d’oiseaux, des jouets guerriers, autant d’images du présent qui se mettent à nous parler du futur. Comme si passé, présent et futur étaient les occurrences simultanées d¹un unique cours… S’y ajoutent, vers la fin du film, des images au mouvement centrifuge : manège de foire, personnes tournant en cercles concentriques, etc. Images et son sont quasi systématiquement dissociés. Le souffle du vent, les cris d’oiseaux, le flux et le reflux de la mer assurent une sorte de basse continue. Le rapport au temps est envisagé à la fois comme flux et comme césure. Un fois de plus la remarque de Pierre Reverdy – fréquemment citée par Jean-Luc Godard – se vérifie : « Une image n’est pas forte parce qu’elle est brutale ou fantastique, mais parce que l’association des idées est lointaine et juste. » (« L’image », 1918, in Pierre Reverdy, « Œuvres complètes 4 », Paris, Ed. Flammarion, 1979, pp. 73-75).
 
Dans les films de Sebastián Diaz Morales, quelque chose dans l’image reste indéfini et indéfinissable. C’est précisément cette charge d’incertitude, ce suspend du sens commun, ce je ne sais quoi qui nous échappe, qui nous tient en haleine… 

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