ART | CRITIQUE

Qingyuan Liu. Only City

PNicolas Villodre
@03 Nov 2009

A la Biennale de Lyon, on a été plus sensible au mural de faux vitraux réalisés par Qingyuan Liu et ses acolytes de la Chine post-pop du Yah Lab qu’à leur boucle numérique projetée en vidéo représentant un globe en animation.

Le mur lumineux de Qingyuan Liu et des ses aides anonymes du collectif Yah Lab mesure une vingtaine de mètres. Ces artistes associés cantonais l’ont appelé Only City en jouant sur le mot «Only» qui est l’anagramme de «Lyon».

Avec le même état d’esprit ludique, voire farceur, Qingyuan Liu et le Yah Lab ont joué avec les effets plastiques, rassurants, d’un autre temps, les teintes acidulées de l’enfance de l’art, la naïveté de motifs aisément déchiffrables, les formes de reliefs en bois formant des polyptiques, les associations et contrastes chromatiques, les illustrations rappelant la technique artisanale de la gravure.
Les signes sont livrés en vrac, sous forme de rébus à interpréter, d’allégories à méditer, de pictogrammes à contempler.

Cette mosaïque (ou patchwork ou tapisserie de Soyeux) tout ce qu’il y a de contemporaine puise à diverses sources. On y sent le goût de l’art pariétal préhistorique (la tête de bison dans le style épuré d’une peinture rupestre), de l’enseigne moyenâgeuse, du romantisme gothique (l’œil hugolien), de la bande dessinée (les cadres découpés à la manière de phylactères), du comic strip en général (le spationaute instruisant des élèves, les robots de récits de science fiction) et du manga en particulier (le visage de la fillette à couettes), de l’affiche politique période Révo Cul (le poing serré ganté genre Black Panther), de l’imagerie réaliste-socialiste (la tête de Mao rayonnante), de la xylo et de la litho expressionniste (le boucher saisi au moment de son coup de couperet, les ouvriers d’une aciérie autour du métal en fusion), de l’art mineur (un chanteur folk à guitare sèche devant un micro, un musicien de jazz soufflant dans sa trompette), etc.

La propagande cohabite avec la publicité — c’est peu ou prou la même chose. Qingyuan Liu s’est, paraît-il, inspiré des rues commerçantes aux réclames clinquantes et aux pancartes lumineuses tape-à-l’œil qui meublent les paysages urbains, que ce soit ici ou en Chine.
Liu Qingyuan a cherché à souligner ce trop plein de signes qui finissent par s’annuler ou par lasser. Le résultat est séduisant, efficace, plaisant. La réalisation, des plus soignées.

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