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On This

PRaphaël Brunel
@17 Sep 2008

En parcellisant l’espace de la Galerie Serge Le Borgne par des cloisons en bois, Krijn de Koning propose une réappropriation  de la perception par le spectateur,  permet de renouer le dialogue entre un corps et un espace. 

L’artiste néerlandais Krijn de Koning réalise à la Galerie Serge Le Borgne une œuvre in situ dont les cloisons en bois se dispersent dans l’espace pour mieux s’en emparer. Plus qu’à une occupation anarchique, le visiteur assiste à un remodelage, disons ici un remplissage, d’un lieu habituellement ouvert. Ses œuvres visent à la mise en place d’un dispositif susceptible de neutraliser la configuration initiale des lieux de leurs implantations. On imagine alors un virus proliférant, une plante envahissante. Mais l’œuvre relève plutôt d’une mutation.

Les parois de cette installation parcellisent l’espace de la galerie, tissent peu à peu un labyrinthe et multiplient les sens de circulation et de perspective. On peut ici et là enjamber un mur, s’accroupir, se faufiler ou se retrouver coincé dans un cul-de-sac. Le chemin du retour ne sera pas forcément celui de l’aller. La trame de sa construction ne résiste pas à l’envie de pousser les murs, de s’échapper par les fenêtres pour se suspendre dans le vide. Elle s’étend comme un élément organique en mouvement.

Si Krijn de Koning perturbe la nature de la Galerie Serge Le Borgne, il prend toutefois en compte sa répartition lumineuse: dans les salles éclairées par de larges baies, les murs sont peints dans un jaune violent et un blanc immaculé qui renvoient la lumière naturelle, tandis que la pièce sans ouvertures est plongée dans la pénombre par la densité des cloisons noires. Cet espace, petit, sombre, rendu difficilement praticable par l’accumulation d’éléments, a quelques chose d’angoissant, de presque claustrophobique. L’impression d’un espace d’enfermement est renforcée à la sortie lorsque l’œil est heurté par la crudité et la luminosité de la première partie de l’œuvre.

A première vue, les constructions de Krijn de Koning pourraient être classées dans le registre des œuvres-architectures, qui se sont développées depuis une trentaine d’années dans la création contemporaine. Pourtant, elles ne relèvent ni de la logique architecturale ni de celle de la «cabanisation», ne répondant ni à des besoins fonctionnels ni à des contraintes de précarité. Krijn de Koning ne produit pas un art habitable, un refuge où se glisser comme ont pu déjà le faire les frères Chapuisat, Absalon ou Christoph Büchel récemment au Palais de Tokyo.

Le travail in situ de Krijn de Koning ne vise pas non plus, comme le fait Daniel Buren, à mettre en évidence les conditions idéologiques de la monstration des œuvres. Plutôt que de mettre au point un «outil visuel», il avance une expérience purement physique. En cela plus proche des intentions de la sculpture minimaliste, il propose aux spectateurs de devenir acteurs de l’œuvre, de l’activer par leurs déplacements, de prendre conscience d’un espace, d’une œuvre et du rôle qu’ils tiennent dans ce dispositif.

L’œuvre de Krijn de Koning devient ainsi le mètre étalon d’une réappropriation de la perception, d’un dialogue renoué entre un corps et un espace.

Krijn de Koning
— On this, Work for galerie serge le borgne, 2008. Installation in situ temporaire. 21 m (longueur totale des murs) x 2,60 m (hauteur).
— Work (Black & White 2008), 2008. Installation in situ temporaire. 4,34 x 4,43 x 2,60 m (hauteur).
— Palm Desert 2006 – Paris 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Palm Desert 2006 – Paris 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Niland (CA) 2006 – Amsterdam, 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Barstow 2006 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Anaheim 2006 – Paris 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— La Haye 2005 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Ponthierry 2008 – Paris 2008.Tirage couleur sur papier, peinture acrylique. 24 x 32,5 cm.
— Amsterdam 2005 – Paris 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Florence 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Willemstad (Curaçao) 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 24 x 32,5 cm.
— Weg naar Westpunt (Curaçao) 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 32,5 x 45 cm.
— Jongbloed (Curaçao) 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 32,5 x 45 cm.
— Saint-Nazaire 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 32,5 x 45 cm.
— Antibes 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 32,5 x 45 cm.
— Alcantarilha 2005 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 32,5 x 45 cm.
— Niland (CA) 2006 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 47,5 x 64 cm.
— La Haye 2005 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 54 x 71 cm.
— Amsterdam 2005 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 54 x 71 cm.
— Willemstad (Curaçao) 2007 – Amsterdam 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 54 x 71 cm.
— Model for ’the planless house’ by Anne Holtrop – Drawing Paris 2008. Tirage couleur sur papier, encre. 54 x 71 cm.

 

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