Effondrements

L’art est de plus en plus perméable aux crises et vacillements de notre monde, aux effondrements de nos certitudes, de nos projets et de nos espoirs.

L’installation Asphalt Piece de Michael Elmgreen et Ingar Dragset traduit ce chaos à travers un paysage urbain dévasté, comme par une catastrophe sismique. Une route qui garantissait la fluidité des déplacements est brisée en mille et un morceaux. Les barrières qui délimitaient les propriétés, les panneaux qui prévenaient des dangers de la route, ainsi que le reste du mobilier urbain : tous ces éléments qui balisaient notre monde, nos actions et l’ordre public sont démolis.

Thibault Brunet mobilise des photos, des vidéos, ainsi que des témoignages écrits ou audios, pour traduire l’ampleur et l’horreur de la guerre fratricide qui déchire le peuple, le pays et la culture de la Syrie. Mais l’effondrement est tel, par son ampleur et sa cruauté, qu’il excède les capacités des images à le saisir. C’est pourquoi Thibault Brunet les imprime en 3D afin de donner accès, par le  détour du virtuel, à ce réel abyssal.

Quant à la performance On Fire de Judy Chicago, elle ajoute aux conflits armés, et à la présente crise sanitaire, le spectre des accidents industriels et climatiques. Une femme nue, au corps recouvert d’une peinture verte, est assise au milieu d’un désert sec et stérile. Sous les volutes orangées des fumigènes humains, Gaïa, la Terre-mère,  s’embrase, suffoque, s’affaisse. Un S.O.S à entendre pour ne pas sombrer parmi les ruines et les cendres.