ART | CRITIQUE

Olivier Mosset

PAstrid Desmousseaux
@12 Jan 2008

Dans la présente exposition, qui rassemble des peintures des années 90, Mosset montre des œuvres qui se veulent à la fois autonomes, pleinement ancrées dans le champ de la peinture, et sociales, traversées par l’histoire et la vie quotidienne.

Dans le grand espace du rez-de-chaussée de la galerie, deux toiles bicolores se font face. A l’étage, autour d’un patio depuis lequel on entrevoit les lignes horizontales des toiles du bas, des monochromes en forme de L et des œuvres bicolores animent les murs blancs.
Ces toiles neutres ne génèrent aucune émotion. Elles sont mises en valeur, mises en scène. Mises à distance du spectateur, elles décorent l’espace vaste et lumineux, et interrogent.

Artiste suisse installé depuis la fin des années 70 aux États-Unis, Olivier Mosset s’intéresse à l’abstraction géométrique de l’entre-deux guerre dès les années 60, du constructivisme au géométrisme. Ces courants avant-gardistes sont les premières influences et références de son œuvre.

En pleine recherche critique de la peinture, il participe de 1966 à 1968, avec Daniel Buren, Michel Parmentier et Niele Toroni, au désormais fameux groupe BMTP qui dénonce la mystification de l’œuvre d’art et refuse de situer l’inspiration picturale dans les émotions de l’artiste. Toiles neutres aux motifs récurrents, anonymat des œuvres, «appropriations» de ce qui a déjà été fait, telles sont les caractéristiques des tableaux-objets, réalisés par les membres du groupe dans une esthétique de l’indifférence.

Des années 60 jusqu’en 1974, Mosset peint et problématise le cercle, figure géométrique close et à symboliques multiples, devenue sa marque de fabrique.
Il s’oriente ensuite vers les bandes de couleurs horizontales, un peu à la manière des «black stripe paintings» de Frank Stella et du travail de Buren. Ses interrogations sur la peinture en tant qu’objet le conduisent vers les monochromes.

Années 80. Les artistes annoncent une sorte de fin de la peinture. Comme si la création était à bout de souffle, les «appropriationnistes» prônent un retour vers l’abstraction des avant-gardes, une reprise des gestes préexistants pour les réinsérer dans une nouvelle économie des formes. «L’art se nourrit de l’art». Palimpseste. Impasse de l’art? Mosset participe à ces interrogations.

Dans la présente exposition, qui rassemble des peintures des années 90, Mosset montre des œuvres qui se veulent à la fois autonomes, pleinement ancrées dans le champ de la peinture, et sociales, traversées par l’histoire et la vie quotidienne.

Le dialogue qui s’actualise sur la toile entre la peinture et la société tourne autour de la question de savoir «ce qui fait qu’un panneau recouvert de couleurs est une peinture, et, inversement, ce qui fait qu’une peinture est un panneau recouvert de couleur».
Cette question, on est amené à se la poser en pénétrant dans la galerie. L’œuvre n’est plus une surface émotionnelle et projective, ni un objet spécifique, mais un tout, une unité à connotations plurielles.
La «partie-peinture» n’est donc pas terminée…

Olivier Mosset :
— ABC, 1997. Acrylique sur toile. 206 x 370 cm.
— Sans titre, 1997. Acrylique sur toile. 184 x 370 cm.
— Sans titre, 1995. Acrylique sur toile. 184 x 122 cm.

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