DANSE | SPECTACLE

Venezuela

16 Oct - 21 Oct 2018

Avec Venezuela, le chorégraphe israélo-américain Ohad Naharin (Batsheva Dance Company) livre un ballet contemporain aiguisé et énergique, entre dialogue et conflit. Une passe d'armes dansée et symbolique, convulsive, sur des rythmes allant du hip-hop aux polyphonies grégoriennes.

Directeur artistique de la Batsheva Dance Company de 1990 à 2017, le chorégraphe israélo-américain Ohad Naharin a développé une approche particulière. La méthode Gaga. Une façon quotidienne d’être à l’écoute du corps dansant, pour prendre conscience du couple effort-plaisir. Sentir la distance entre les membres, les frictions chair-os, le poids du corps… Expérience plus que méthode : la pratique Gaga conjugue ainsi liberté et plaisir, fluidifiant le rapport instinctif à la danse. Compagnie de ballet contemporain basée à Tel-Aviv, la Batsheva Dance Comapny cultive une danse vive, précise, anguleuse. Avec Venezuela (2017), Ohad Naharin signe une pièce pour dix-huit danseurs, où la musique occupe une place centrale. De Bullet in the Head (1991) du groupe de rock Rage Against the Machine au chant liturgique O Euchari (composé vers 1150) d’Hildegard von Bingen… la Pièce Venezuela brouille les pistes de l’espace et du temps.

Venezuela d’Ohad Naharin (Batsheva Dance Company) : un ballet contemporain

Présentée par Ohad Naharin et la Batsheva Dance Company comme réservant une surprise, Venezuela attise également la curiosité. Sur scène, les danseurs, jeunes hommes et femmes, sont vêtus de noir. Cheveux attachés, élégance sobre et retenue, le ton oscille entre tenue de deuil, retenue religieuse et tenue de soirée. Tandis qu’une sensualité âpre, osseuse, se dégage de l’énergie vibrante de la pièce. Désespoir, grouillement, cri, danse survoltée : une histoire se dessine ainsi sous les yeux des publics. Une histoire de groupe, une histoire d’interactions humaines fortes. Une femme saute, se précipite sur un homme, le fait basculer. Des hommes à quatre pattes, tête courbée, avancent en servant de monture à des femmes au port de tête royal… Des corps sont recouverts de draps beige clair. Bougent encore. Convulsent. Des drapeaux laissent les danseurs perplexes ; les mettent en colère… À travers Venezuela se devinent aussi quantité d’histoires heurtées.

Une polyphonie chorégraphique, musicale et émotionnelle : histoire d’interactions

Assemblée et composée par Maxim Waratt, la musique de Venezuela reflète la dynamique de tension à l’œuvre dans la pièce. Un syncrétisme qui étire les liens, jetant ainsi des ponts à travers l’espace et le temps. À la recherche, peut-être, de ce qui fait le commun des mortels. L’amour, la mort, la peur, la colère, l’émotion motrice. Tandis que les polyphonies grégoriennes viennent apaiser et ralentir la fureur du présent. Comme un souffle puisé dans la mémoire. Sans nostalgie, le temps offre simplement une forme d’espace supplémentaire pour pallier l’éventuelle sensation d’étroitesse. Coproduit par le Théâtre National de Chaillot, Venezuela y fera ainsi sa première française, dans le cadre de la saison France Israël. Une complicité chorégraphique, entre Chaillot et la Batsheva Danse Company, qui se développe depuis au moins 2013. Et sculptant le ballet contemporain avec un geste acéré et précis, Ohad Naharin livre une pièce fulgurante.

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