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Oeuvres récentes

30 Jan - 09 Mar 2013
Vernissage le 30 Jan 2013

Laurence Demaison contourne l’autoportrait pour en offrir une vision profondément originale. Si la représentation de soi reste pour les artistes un miroir qui sublime son auteur, les déformations que la photographe fait subir à son corps et à son visage renvoient au contraire à la création d’une altérité qui déroberait sa vraie image.

Laurence Demaison
Œuvres récentes

Le Surréalisme jette un œil par la porte et les titres donnés aux séries rappellent avec humour que tout est inventé. La représentation du corps est source d’un long travail d’expérimentation où l’artiste met à profit les possibilités techniques de la photographie argentique, jouant sur le temps de pose, le flou, le contraste ou le négatif, pour créer des images fascinantes et singulières.

«Utiliser ma carcasse détestée comme sujet aurait été inconcevable si je n’avais ressenti tant de malaise de par la simple présence des modèles qui ont accompagné mes premiers pas photographiques. Dommage, parce qu’il aurait été plus facile de projeter mes désirs sur des corps que je trouvais très beaux; tant mieux, car trop évident, trop confortable, peut-être. Entre l’horreur de ma chair et celle du regard des autres, j’ai choisi le plus gérable. Cette alternative m’a contrainte à m’aventurer dans des recherches dont la seule issue était de disparaître, tout au moins d’être autre chose, mais c’est pareil.» Laurence Demaison

Dans Sous vide, comme pour ses séries précédentes, il s’agit d’autoportraits. La tête dans un sac plastique, dans une séance de pose proche de la performance, Laurence Demaison fait le vide et fait paradoxalement apparaître son visage, masque mortuaire sculptural dans une violence seulement atténuée par l’esthétique de la photographie, camaïeu subtil de gris, d’ombre et de brillance.

Depuis 2010, Laurence Demaison sort du territoire de l’autoportrait en s’autorisant l’assistance d’un mannequin. Cette figure anonyme et inanimée lui permet de franchir le miroir et d’appréhender enfin la prise de vue de l’autre côté de l’objectif. Sa série la plus récente, Noires Sœurs, dissimule ainsi cet alter ego sous un voile, statue oubliée, raide comme la Justice ou comme le pleurant d’un tombeau médiéval. Les différents tissus qui recouvrent cette femme assise apportent des effets d’ombre et de lumière pleinement photographiques. Cette émotion masquée frappe par sa présence plastique et s’offre librement à l’interprétation du spectateur.

La série Si j’avais su pousse l’humour noir jusqu’aux retranchements de nos peurs en présentant des bébés, poupées «reborn» d’un réalisme effrayant, que la photographe fait poser dans un jeu morbide. Noyade dans un bocal, défenestration, immolation ou mort lente, la photographe met en scène les suicides de ces «bébés» par tous les procédés imaginables, allant jusqu’à reprendre en clin d’œil les poses de certaines de ses propres séries photographiques. Cette série de douze images fait l’objet d’une édition en coffret-objet, pièce unique d’une artiste qui depuis quelques années s’exprime également par le dessin et la sculpture.

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