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Oeuvres récentes

14 Sep - 05 Jan 2014
Vernissage le 14 Sep 2013

L’artiste britannique Tony Cragg présente une sélection de ses œuvres dont certaines n’ont jamais été présentées en France. A partir de bois, marbre, bronze ou de fibre de verre, il construit des formes monumentales, abstraites, et tournoyantes qui s'articulent autour d'axes multiples et donnent une impression de mouvement et de dynamique.

Tony Cragg
Œuvres récentes

Délaissant les fragments d’objets en plastique de ses débuts (La lune bleue, 1980) pour des matériaux comme le bois, le marbre, l’acier poli ou le bronze fondu, chaque sculpture de Tony Cragg présentée ici introduit le motif de la variation sur le thème de la circularité et du mouvement. En effet, les sculptures de Tony Cragg proposent une sorte de parcours giratoire. Le visiteur est invité à effectuer autour de chacune d’entre elles une rotation.

Leur force d’attraction réside précisément en ce qu’elles ne renferment ni face, ni côté, ni dos. Chacune des œuvres ne se laisse pas appréhender comme on le ferait d’une statue traditionnelle, d’une figure verticale. Il faut leur tourner autour et tourner d’autant plus qu’elles sont toutes, peu ou prou, circulaires. L’option du cercle se retrouve à l’intérieur de chaque œuvre. Ici, les fines strates en fibre de verre enroulées sur elles-mêmes forment des boudins (Flotsam, 1998).

Chaque changement de matériau se traduit par une réflexion nouvelle sur les possibilités formelles et expressives. Tony Cragg raconte que «la valeur de la surface (de la sculpture) peut aussi venir de l’interaction entre les matériaux ou de leur géométrie sous-jacente. On peut étirer un cercle en trois dimensions: il devient cylindre, doigt, bras, intestin, arbre, membrane soumise à une pression interne, voire symbole universel d’énergie vitale.» Il souhaite que «le matériau soit dynamique, qu’il pousse, qu’il bouge, qu’il grandisse».

Tony Cragg voue une admiration pour le travail de Medardo Rosso, sculpteur contemporain de qui réalise des bustes en cire, plâtre ou bronze. Il s’intéresse en particulier au traitement de la peau envisagée comme une membrane. «Située à l’interface de l’extérieur et de l’intérieur du corps […] en travaillant et retravaillant la surface pour en faire une peau qu’on regarde comme la peau d’un visage. On lit dessus comme on lit sur nos propres peaux: texture, tension des muscles, nervosité». Il souhaite que «le regard crève la surface: ce sont les formes internes qui créent les formes externes».

Chez Tony Cragg aussi, la fragmentation est à l’œuvre: ses réalisations semblent souvent faites de morceaux. Les récipients de verre empilés, disposés par étages, fragiles constructions en hauteur (Fields of Heaven, 1998) dissipent l’impression d’unité.

Même l’œuvre en bois (Group, 2012) contient des ruptures ou des trous d’air. Tony Cragg conçoit des sculptures qui, vues de face, proposent une vision unifiée, un tout, mais à mesure qu’on tourne autour d’elles, l’unité est déconstruite en morceaux, en parties détachées et parfois distantes les unes des autres. Car la sculpture est rarement une et indivisible et c’est précisément la relation de continuité entre les parties et le tout qui implique un mouvement perpétuel.

Ainsi, le thème du cercle, de la circularité, du mouvement suppose plutôt le thème de discontinuité. Certains éléments plus ou moins séparés entre eux, certaines des sculptures, (Frame, 2012, Lost in Thought, 2012) forment ou recomposent une figure.

Tony Cragg réalise ces premières Å“uvres à partir du début des années 1970 avec des matériaux de récupération tels que des pierres, du bois, des cartons, divers objets en plastiques… Il appartient au mouvement de la Nouvelle Sculpture Anglaise («New British Sculpture») qui s’affirme à la fin des années 1970. Les artistes de ce mouvement (Bill Woodrow, Anish Kapoor, Richard Deacon…) utilisent des matériaux issus du milieu naturel ou du secteur industriel. Tony Cragg, lui se sert à la fois d’objets manu¬facturés et d’éléments naturels pour leurs symboliques, leurs qualités plastiques, leurs formes et leurs couleurs. Les objets sont détournés de leur première fonction pour créer une unité. Ces Å“uvres questionnent le spectateur sur son rapport à l’objet. A travers ces matériaux de récupéra¬tion, il met en place une forme d’archéologie contemporaine.

Depuis la fin des années 1990, Tony Cragg utilise des matériaux plus traditionnels tel que le bois, le marbre, le bronze, la fibre de verre… A l’aide de ces différents matériaux, il construit des formes abstraites, tournoyantes qui s’articulent autour d’axes multiples. Ces sculptures, bien que monumentales, donnent une impression de mouvement et de dynamique.

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