ART | EXPO

Odds and ends

20 Sep - 02 Nov 2013
Vernissage le 20 Sep 2013

L'exposition «Odds and ends», dont le titre peut se traduire par «bric-à-brac, divers objets, bazar», présente un ensemble d’œuvres, photographies, installations, objets en céramique, réalisé par Marie Quéau durant sa résidence d'artiste de trois mois à l'École Municipale des Beaux-Arts de Châteauroux.

Marie Quéau
Odds and ends

En tissant des liens formels et symboliques entre les images et les matières, les Å“uvres de Marie Quéau se nourrissent d’un intérêt pour la science et la question des origines, racontent une histoire. Pendant sa résidence, Marie Quéau mène une phase d’exploration. A la recherche de sujets et de formes, elle collecte de l’information, des documents, des objets, comme autant de pièces à conviction qui invitent à toutes sortes d’extrapolations. Elle observe son proche environnement, va à la rencontre de la ville. C’est ainsi qu’elle découvre l’aéroport de Châteauroux-Centre et entame une série de photographies sur la filière de démantèlement.

Cette série de photographies dresse une typologie des formes accidentées, plis, débris, froissage de tôle, et ouvre à un travail sur la matière qui donne lieu à la réalisation de sculptures en céramique et d’installations. Les sculptures ouvrent un espace de projection pour répondre à la figure de l’avion disloqué et mettre en résonance les divers éléments.

Présentés sur des socles comme des maquettes, des objets en forme de sphère évoquent une représentation de l’univers. Ils invitent à se représenter des images d’espace, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, du proche et du lointain. L’intensité d’un drame, purement fictif, est suggérée par l’évocation de l’univers dans lequel peut venir s’inscrire la figure de l’avion. D’un côté, la métaphore de l’espace, son immensité, sa texture, sa dimension métaphysique et de l’autre, l’omniprésence de l’événement et du concret incarné par l’avion. S’il permet de voler et de s’émanciper du poids de la réalité, il incarne aussi les progrès de la technique et de la conquête spatiale. Ambivalence entre deux réalités, jusqu’au moment du «crash».

Marie Quéau s’appuie sur l’apparente objectivité du médium photographique pour simuler le fait qu’elle documente un événement. S’il s’agit d’un accident d’avion comme le laisse supposer les prises de vues, celui-ci est purement fictif. En exploitant le potentiel expressif de l’avion démantelé, mis au rebut dans l’enceinte de l’aéroport de Châteauroux-Centre, ses photographies ne témoignent pas d’un événement spécifique dont elle a été le témoin. Elles suggèrent la figure de l’accident qui contient en puissance tous les accidents, passés ou à venir.

Sur fond d’objectivité, mais les apparences sont trompeuses, un monde d’interprétation se dégage. Il alimente pour Marie Quéau la possibilité de créer une fiction, en nous montrant comment elle se plaît à manipuler les signes et les indices «Odds and ends», soit bric-à-brac, divers objets, bazar. «Or, le propre de la pensée mythique, comme du bricolage sur le plan pratique, est d’élaborer des ensembles structurés, non pas directement avec d’autres ensembles structurés, mais en utilisant des résidus et des débris d’évènements: «odds and ends» dirait l’anglais ou, en français des bribes et des morceaux; témoins fossiles de l’histoire d’un individu ou d’une société». Claude Levi-Strauss

Marie Quéau vit et travaille à Strasbourg. Diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, elle a reçu en 2012 le Grand Prix/nofound Prize.

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